Démantèlement de Calais : pourquoi vous ne voyez que des hommes venir en Picardie

"Que des hommes qui laissent femmes et enfants sous les bombes au lieu de se battre", disent en substance certains commentaires sur notre page Facebook. Un "constat" souvent repris par l'extrême droite. Faisons le point.

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Vous êtes nombreux à faire la réflexion : pourquoi les réfugiés sont majoritairement des hommes ? C'est vrai, il y a plus d'hommes que de femmes qui traversent la méditerrannée au péril de leur vie. Selon des statistiques de l'UNHCR, 54% des personnes arrivées dans le bassin méditerranéen par bateau sont des hommes, 18% sont des femmes et 28% des enfants.

Cette proportion s'est rééquilibrée puisqu'il y a un an, ils étaient 72% d'hommes pour 13% de femmes et 15% d'enfants. Mais il est vrai que parmi les personnes qui vivaient dans le bidonville de Calais, désormais presque entièrement démantelé, seul 10% sont des femmes ou des enfants. Les raisons sont multiples.

La jungle, un danger pour les femmes


Dans la "jungle" de Calais, les femmes sont de potentielles proies. "Elles sont parfois violées ou prostituées par des mafias en tout genre", témoigne une bénévole à Calais. Si le phénomène est impossible à quantifier, il est un moyen de survivre pour certaines femmes seules, qui étaient environ 250 avant le démantèlement. "La prostitution existe partout, pourquoi s'étonner qu'elle existe dans la lande de Calais...", estime Maya Konforti, secrétaire de l'association l'Auberge des migrants.

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"Il n'y pas beaucoup de femmes seules tout simplement parce que ces femmes sont souvent musulmanes, et donc peu habituées à voyager", décrypte Maya Konfori. La plupart du temps, les femmes viennent d'Ertythrée et sont chrétiennes.

Parmi les hommes, beaucoup de célibataires mais aussi des pères de famille qui espèrent régulariser leur situation pour faire venir leur femme et leurs enfants dans la légalité - et donc la sécurité. Dans plusieurs pays, ce sont les jeunes hommes qui sont menacés, plus que les femmes. Comme en Afghanistan, où ils risquent d'être enrolés de force par les Talibans.

Un départ sans retour


Certes, il y a plus d'hommes que de femmes parmi les migrants. Certes, ils ne sont pas restés dans leur pays "pour se battre". Mais dans toutes les guerres, des personnes ont fui. "Dans un conflit, certains sont faits pour se battre, d'autres non", ajoute Maya Konforti, secrétaire de l'association l'Auberge des migrants.

Si nous voyageons à notre aise en ayant l'assurance de revenir chez nous, ce n'est pas le cas des "migrants". Les demandeurs d'asile savent qu'ils quittent leur pays en risquant de ne jamais pouvoir y retourner. Un traumatisme parmi beaucoup d'autres, lorsqu'on quitte son pays sur ce mode.

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C'est donc loin d'être un choix de facilité ou de lâcheté. S'il y a beaucoup de célibataires parmi les migrants de Calais, les pères de famille laissent leur femme et leurs enfants pour leur éviter de voyager dans des conditions inhumaines. 

"Ils vont nous prendre notre boulot"


Par définition, les étrangers en situation irrégulière n'ont pas de papier donc pas le droit de travailler. Pour les réfugiés, c'est le parcours du combattant. Après avoir obtenu le statut de réfugié, ce qui prend des mois voire des années, il faut ensuite obtenir un certificat auprès de l'OFPRA puis, entre autres, prendre des cours de français. Une fois ces étapes franchies, les mois se sont écoulés. Et la personne se retrouve dans la même situation qu'un chômeur français : dans le désarroi total.

De plus, selon le Centre d'études prospectives et d'informations internationales, il faudrait qu'il y ait une hausse de 10% de la part d'immigrés dans une catégorie de la population, à âge et compétence égale, pour faire baisser de 3% le taux d'emploi des Français de cette catégorie. Ce qui est loin d'être le cas puisqu'on estime actuellement la part d'immigrés à 0,04% 

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Quelles aides sociales ?


Les demandeurs d’asile ne touchent pas d’allocations familliales ni d’allocations pour le logement car ils n'ont pas de permis de séjour en cours de validité. Les réfugiés, eux, bénéficient des mêmes droits sociaux (RSA, prestations familiales, CMU, APL, etc.) que les nationaux mais sous des conditions très strictes

À Calais, 25 euros par jour sont consacrés à chaque migrant. Cette somme n'est pas touchée directement par eux, mais versée aux associations pour les loger ou les nourrir. Cet argent provient de l'Etat. Certains reçoivent directement 7 à 11 euros en fonction de leur statut et de leur logement.

Difficile, dans ce cas, de dire qu'on nous enlève le pain de la bouche...
Réfugié ou demandeur d’asile ?
Selon l'UNHCR, un demandeur d'asile est "une personne qui dit être un(e) réfugié(e) mais dont la demande est encore en cours d'examen."
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