Les avocats de Dominique Cottrez, accusée d'avoir tué huit nourrissons juste après leur naissance, vont plaider jeudi matin au dernier jour du procès devant la cour d'assises du Nord, alors que 18 années de réclusion criminelle ont été requises à son encontre.
Le jury se retirera ensuite pour décider du sort de cette ancienne aide-soignante de 51 ans, visiblement sous le choc mercredi après-midi à l'issue du réquisitoire, à Douai. "Il faut que Mme Cottrez, même pour elle, reparte en prison. Qu'elle comprenne l'horreur absolue des crimes qu'elle a commis", a rapidement commenté l'avocat général Eric Vaillant à la sortie de l'audience. L'avocate de Mme Cottrez a de son côté estimé que sa cliente était considérée "comme une malade du Sida". "On en train de la regarder, de voir cette maladie, de se dire qu'est-ce que c'est? Ce n'est pas encore catalogué dans les maladies mentales. Ça nous fait peur, ça nous effraie. Pour autant, est-ce qu'on n'a pas le devoir, en particulier quand on est représentant du ministère public, de faire des recherches, d'être particulièrement attentif avec tout ce qui a pu se dire sur la médicalisation, les recherches médicales?", a réagi Marie-Hélène Carlier, auprès des journalistes."J'attends du verdict que les jurés partent à la recherche de la vérité, de la vérité médicale, que les jurés veuillent bien essayer de voir pourquoi pour des faits identiques, on a des décisions aussi différentes, pourquoi dans certains pays on ne fait que juger ces gens-là en leur donnant des obligations de soin", a-t-elle ajouté. Aux côtés de Frank Berton, elle devra s'employer à convaincre les jurés. Dans un procès qui aura duré six jours au total, la présidente Anne Segond, les avocats généraux, les avocats de la défense, ont tenté de percer le mystère Cottrez, les motivations derrière le plus important cas d'infanticide en France.
Une parole libérée
Jusqu'au rebondissement spectaculaire lundi, qui a abasourdi jusqu'à son avocat Me Berton: Dominique Cottrez avoue avoir menti sur une relation incestueuse avec son père, inventée semble-t-il de toute pièce pour tenter d'expliquer ses actes. "L'explication d'inceste nous rassurait, mais nous endormait aussi", a reconnu Eric Vaillant lors des réquisitions. Il n'a pas requis la peine maximale suggérée par la loi, la réclusion criminelle à perpétuité. Il a demandé aux jurés de tenir compte de certaines circonstances: la personnalité de l'accusée, son "hyper-fragilité" et son "hyper-névrose", ses conditions de vie, ses troubles psychiques. Qui n'excusent pas tout."Détermination, organisation et sang-froid", voilà des qualités dont a fait preuve Dominique Cottrez pour les meurtres, pour lesquels la préméditation a été retenue par les avocats généraux, sauf dans le premier cas, selon Annelise Cau, deuxième voix du réquisitoire.L'aveu du "mensonge" a permis d'une certaine façon à la parole de Dominique Cottrez de se libérer, a noté la magistrate. Elle est parvenue à raconter les premiers infanticides, même si un certain flou continue d'entourer ses souvenirs des derniers meurtres. Des questions restent en suspens, en particulier de savoir qui a bien pu enterrer les deux premiers corps dans le jardin de la maison des parents de l'accusée. Leur découverte, le 24 juillet 2010 par le nouveau propriétaire de l'habitation à Villers-au-Tertre, avait lancé l'affaire. Les six autres cadavres avaient été retrouvés dans le garage de Dominique Cottrez.