Quelques élus Front national du Nord s'estiment "privés de régionales" pour avoir refusé les kits de campagne vendus par le FN à ses candidats, dont ils jugent les prestations "surévaluées", a-t-on appris mardi.
Les kits de campagne livrés lors d'élections antérieures constituent l'un des volets d'une enquête sur le financement du FN actuellement instruite par les juges d'instruction Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi. Ils soupçonnent le parti d'avoir mis en place un système d'enrichissement frauduleux. "Il y a des choses qui ne me paraissent pas très honnêtes. On a voulu m'imposer un kit de campagne lors des départementales (de 2015) mais je m'y étais opposé car ce n'est pas légal", affirme Jean-Luc François Laurent, chef de file du groupe FN à Valenciennes, confirmant des informations de La Voix du Nord.
"C'est pas normal qu'on nous oblige à prendre ce kit de campagne pour renflouer les caisses de la fédé"
Cet ex-candidat aux élections municipales de 2014 et à la législative partielle de Valenciennes la même année prétend que son éviction de la liste FN du Nord pour les régionales des 6 et 13 décembre tient à ce qu'il ne "veut pas rentrer dans le moule". Entre autres, M.Laurent dit avoir "refusé de prendre la prestation de l'expert comptable du FN, Nicolas Crochet" expert-comptable de Marine Le Pen, mis en examen le 13 avril, que le parti lui "facturait 1.400 euros, alors qu'un expert comptable local (lui) facturait l'ensemble pour 600 euros". Il avait aussi refusé de "contracter le prêt" du micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, qui fournit les kits, "au taux de 6,5%". M. Laurent a été suspendu de ses fonctions et sera prochainement convoqué devant une commission disciplinaire, a indiqué le secrétaire FN Nord-Hainaut, Guy Cannie.
D'autres élus du parti ont protesté, tels Francis Boudrenghien, élu à Anzin, et Bruno Wosinski, conseiller municipal de Sin-Le-Noble. "Ils cherchent à attirer de l'argent par tous les moyens. C'est pas normal qu'on nous oblige à prendre ce kit de campagne pour renflouer les caisses de la fédé", s'exclame M. Boudrenghien qui dit avoir "rendu sa carte" avec six autres militants. M. Cannie balaye ces accusations et parle "d'attaques personnelles inadmissibles".