Après les deux chevaux dans l'Aisne et la Somme, un poney également retrouvé mort l'oreille coupée

Dimanche 17 mai, un poney a été retrouvé mort l'oreille coupée à Berny-en-Santerre dans la Somme. Des faits similaires se sont produits : le 14 mai dans la même pension, fin avril dans l'Aisne, mais aussi dans le reste de la France.

L'étrange série continue. Ce dimanche 17 mai, un poney a été retrouvé mort à Berny-en-Santerre dans la Somme, l'oreille coupée. "Je suis très étonné parce que c'est une ponette qui est très farouche d'habitude, elle ne se laisse pas facilement approcher", affirme François Lavoisier, propriétaire de la pension de chevaux où les faits se sont produits. 

"A priori cela s'est passé la nuit dernière vers 2/3h du matin. Aucune blessure apparente, aucun coup, on ne sait pas comment elle est morte", poursuit-il. Un vétérinaire a pu se déplacer ce dimanche matin pour faire des prélèvements sur l'animal. "Une prise de sang a été faite pour au moins voir si on lui a administré un tranquilisant", précise François Lavoisier. 


Même procédé trois jours plus tôt

Au téléphone, le propriétaire de la pension de chevaux est décontenancé. D'autant que trois jours plus tôt, l'une des juments qu'il gardait subissait le même sort. "J'ai appris ce qu'il s'était passé pour le poney, il appartient à une autre propriétaire, mais je vous confirme que c'est le même procédé que pour ma jument", affirme Mélissa Veron. 
 
Jeudi 14 mai au matin, elle faisait la macabre découverte. "Je suis allée voir ma jument vers 8h30 et en m’approchant j’ai vu qu’elle était morte et qu’elle avait l’oreille coupée". La jument, prénommée Helsa Trois Vallées, n’avait que deux ans et demi. "Ça a été le choc, j’ai hurlé quand je l’ai vue et j’ai pleuré toute la matinée."

La jeune femme a immédiatement appelé les gendarmes après avoir constaté que des clôtures avaient été coupées. "La vétérinaire est aussi venue pour constater. Pour l’instant, on pense qu’elle est morte là où on l’a retrouvée parce qu’il n’y a pas de sang ailleurs. Elle a sans doute été assommée".
 

Au lendemain de cette découverte, Mélissa s’est rendue à la gendarmerie pour porter plainte contre X : "C’est l’incompréhension totale, c’est de la barbarie pure et dure". La cavalière avait bien entendu parler d’attaques similaires sur des chevaux, sans vraiment y prêter attention. "On se dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres" regrette-t-elle.
 

Une autre jument attaquée dans l'Aisne

Quelques semaines plus tôt, à seulement 50 kilomètres de Berny-en-Santerre, un autre cheval a pourtant bien été victime de la même barbarie. Dans la nuit du 22 au 23 avril, la pouliche de Stéphanie Gachelin a été égorgée et son oreille a été coupée. Sainte-Rique, âgée de deux ans, avait passé la nuit dans sa pâture à Quierzy, dans l’Aisne. "C’est ma fille qui a découvert la pouliche. Le matin, je suis partie nourrir les chevaux du paddock et elle a pris un seau pour nourrir les pouliches. Puis elle s’est mise à hurler. Elle m’a dit "viens vite, il y a du sang partout !" Et là, j’ai fait cette macabre découverte. J’ai vu que Sainte-Rique avait été égorgée, que son oreille avait été coupée et qu’elle avait une profonde entaille à la cuisse".
 
Propriétaire d’un haras spécialisé dans la préparation des futurs chevaux de courses, Stéphanie avait la garde de la pouliche pour assurer son débourrage. "Elle aurait dû rejoindre son propriétaire et partir mi-mai à Chantilly, se désole-t-elle. Elle valait plus de 100 000 euros".

Sainte-Rique, qui dormait exceptionnellement dehors avec 6 autres chevaux, est la seule à avoir été tuée. "Ils ont d’abord tenté d’attraper une autre jument qui s’est débattue. Je l’ai remarqué car son licol était cassé et qu’elle avait des traces de brûlures derrière les oreilles. Puis ils se sont rabattus sur Sainte-Rique, qui était toute gentille et qui a dû les laisser s’approcher facilement."


Une étrange série

Selon plusieurs signalements et plaintes déposés par des propriétaires de chevaux, les deux cas picards seraient loin d’être isolés. En juin 2019, un cheval mort avec une oreille sectionnée a été découvert dans un pré près de Châtel-Guyon, dans le Puy-de-Dôme.

Puis le 12 février 2020, c’est au tour d’un cheval du lycée agricole de Château-Salins, en Moselle, d’être victime de ces attaques barbares. Selon nos confrères de France Bleu, c’est un salarié de l’établissement qui aurait découvert le cadavre de Gold, 4 ans, dont l’oreille avait là aussi été coupée.
 
Quelques jours plus tard, toujours en février dernier, le trotteur de course d’un entraîneur vendéen était retrouvé mort dans la commune du Girouard. "Le cheval est sorti vendredi après-midi, a raconté Philippe Boutin à France 3 Pays de la Loire. Il devait courir ce weekend. Il était en grande condition. Le soir, il avait mangé vers 19h, tout allait très bien. On l'a retrouvé le lendemain matin mort dans son paddock et une oreille coupée jusqu'à la tête".

Mis à part la pouliche de Stéphanie Gachelin, égorgée dans l’Aisne, les quatre autres chevaux ne présentaient pas de blessures apparentes. "Le seul point commun à toutes ces attaques, c’est l’oreille coupée" déduit l’entraîneuse. Dès que j’ai signalé ce cas à la brigade de Chauny, le procureur a envoyé une équipe scientifique pour faire des relevés parce qu’on n’était pas les premiers à qui ça arrivait".


Un challenge macabre ?

Selon Stéphanie, les gendarmes pourraient s’orienter vers la piste d’un challenge macabre. "Pour eux, ça ne serait pas les mêmes personnes car le mode opératoire n’est pas exactement le même à chaque fois. Il n’y a que l’oreille coupée qui revient. Moi aussi je pense que ça peut être une histoire comme ça. Ça peut être des fous qui font ça pour se sentir valorisés. Il y a peut-être même de l’argent en jeu."

Contacté, le procureur de la République de Laon assure que l’enquête est toujours en cours et que les enquêteurs des différents départements touchés travaillent ensemble : "Des rapprochements se font dès lors qu’on a des éléments communs. Dès qu’ils ont su qu’il y avait eu d’autres faits, les enquêteurs ont essayé de voir s’il y avait des liens potentiels".

Mais concernant la piste du challenge macabre, le magistrat préfère rester prudent : "Nous n’avons pas d’éléments tangibles à ce jour. Cette hypothèse reste une possibilité mais tant qu’on n’a pas identifié l’auteur, c’est délicat. Vu les circonstances particulières, les enquêteurs poursuivent leur travail".


Les propriétaires de chevaux doivent être prudents

En attendant, Mélissa Veron promet qu’elle cherchera "coûte que coûte celui qui a fait ça" pour rendre justice à sa jument. Elle conseille aussi aux propriétaires de chevaux de les rentrer toutes les nuits. Cette méthode a déjà été adoptée par Stéphanie Gachelin, la propriétaire du haras axonais : "Je n’en ai plus aucun qui dort dehors tant que je n’aurais pas équipé le haras de détecteurs de mouvement et de projecteurs. Si ça devient un jeu macabre, ça peut très bien continuer...."

François Lavoisier, propriétaire de la pension à Berny-en-Santerre, n'a pas eu d'autres choix que d'installer des systèmes de vidéo surveillance. "Sur les vidéos de surveillance de la ville, on a quelques pistes, on espère trouver le ou les coupables très rapidement et que surtout cela ne se reproduise pas."
 
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