DOCUMENTAIRE. Saint-George, le Mozart noir enfin réhabilité par des étudiants de la faculté de droit de Lille ?

Si l'on vous dit : "fils d'un noble et d'une esclave noire, amoureux d'aventures, de voyages et d'arts, fervent défenseur de la région des Hauts-de-France, je suis, je suis, je suis... ?" Alexandre Dumas ? Non, il s'agit de Joseph Bologne de Saint-George.

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José Bakonga a suivi le travail des étudiants en droit de Lille et d'historiens dans leur quête de réhabilitation de cet homme exceptionnel, rayé de l'histoire par Napoléon Bonaparte.

Un destin romanesque

Il est vrai que Joseph, le bien prénommé, a tout d'un personnage à la Dumas. Il commence par naître... un 25 décembre ! Nous sommes en 1745, bien que la date fasse encore débat parmi les historiens. Il naît à Baillif, en Guadeloupe. Non pas dans une étable mais dans une sucrerie, propriété de son noble père Georges et où sa mère est esclave. 


De retour à la Cour, Georges place son fiston sous la férule des plus grands précepteurs de son époque. Celui qui n'est pas encore Chevalier de Saint-George deviendra le meilleur escrimeur, un violoniste virtuose et le plus grand compositeur que les Cours de Louis XV et Louis XVI ont connu avant que le racisme ne vienne troubler une carrière brillante. 
Devenu le professeur de musique de la Reine, cette dernière le nomme Directeur de l'école de musique royale mais revient sur son offre, cédant à ce qu'Alain Guede - historien et biographe de Saint-George - appelle "la première affaire raciste des temps modernes".


C'est un dur retour à la réalité pour le Chevalier adulé des salons. Il se tourne vers Les Lumières dont les philosophes élaborent le concept "d'homme universel". Il devient proche de l'association "Les amis des noirs" et devient le premier franc-maçon noir.
La révolution fera de lui le premier colonel noir de l'histoire française. Il défendra Lille contre les autrichiens avec ardeur avant d'être arrêté et incarcéré sans procès.

Le chevalier de Saint-George en 5 anecdotes

  • 250 ans pour un procès équitable !

Les étudiants en droit de la Faculté de Lille travaillent à la réhabilitation du Chevalier de Saint-George depuis quelques années. Imprégnés de l'époque, ils ont imaginé ce qu'aurait pu être le procès du Chevalier devant les caméras de José Bakonga.

  • Mort par deux fois

Le chevalier de Saint-George décède de maladie en 1799, à 53 ans. Assez tard pour avoir connu l'abolition de l'esclavage en 1794. Son second trépas survient en 1802 quand Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage, interdit les noirs de tout acte de création et les bannis de l'histoire. Celui qui inspira Mozart, de 11 ans son cadet, est oublié, son abondante œuvre musicale enterrée.

  • Sa maison natale existe encore

Né en Guadeloupe, les ruines de la sucrerie où il vit le jour sont toujours visibles. 
Elle conserve des vestiges des maisons, sa machine à vapeur, son aqueduc, une partie de la sucrerie avec un cachot pour esclaves, la purgerie et son étuve, caractéristiques des sucreries construites au XVIIIe siècle. (source Wikipedia)

  • Une place une rue ou un boulevard Saint-George à Lille ?

Plusieurs rues existent en France au nom du Chevalier. A Paris, la rue Saint-George a même la particularité de marquer la "frontière" entre le 1er et le 8ème arrondissement de la capitale. 
Mais rien à Lille. Encore une fois, les étudiants en droit de la fac de Lille y travaillent. Un courrier de soutien de Martine Aubry les encourage dans cette cause. 

  • Saint-George et Dumas père, même combat

Ils combattirent ensemble à la défense de Lille. Alexandre Dumas Fils évoque le siège dans ses Mémoires
Saint-George avait été nommé colonel de la légion franche de cavalerie des Américains du Midi.
Boyer, de son côté, venait de lever le régiment des hussards de la Liberté et de l'Egalité.
Tous deux connaissaient mon père, tous deux le voulurent avoir sous leurs ordres.
Saint-George le prit d'abord comme sous-lieutenant, le 1er septembre 1792.
Boyer le prit comme lieutenant le lendemain.
Enfin, Saint-George, qui à tout prix voulait le garder, le fit nommer lieutenant-colonel le 10 janvier 1793.
Placé en réalité à la tête du régiment – car Saint-George, peu friand du feu, était resté à Lille sous prétexte de veiller à l'organisation de sa troupe.

Saint-George, le Mozart noir

Un documentaire de José Bakonga à voir le jeudi 15 septembre à 22h50 sur France 3 Hauts-de-France
A revoir en VOD pendant 30 jours sur France.tv
Une production Zorn avec la participation de France Télévisions

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