Elections européennes : en plein Brexit, comment les Anglais ont-ils voté ?

Au lendemain de la démission de la Première ministre Theresa May, le parti du Brexit caracole en tête des résultats aux élections européennes au Royaume-Uni. Le Parti conservateur a, lui, subi un important revers face à son incapacité à mettre en oeuvre la sortie de l'UE.

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Le parti du Brexit a fait un importante poussée pour les élections européennes outre-Manche. Au Royaume-Uni, la formation politique du populiste Nigel Farage est arrivé nettement en tête avec 31,8% des voix, selon des résultats partiels dimanche 26 mai. L'hypothèse d'une sortie sans accord de l'Union Européenne, soutenue par Farage, semble donc de plus en plus probable.

La Première ministre Theresa May, qui a organisé le scrutin européen en catastrophe avant d'annoncer sa démission, a vu son Parti conservateur durement sanctionné par les électeurs. Relégué à la 5e place avec 9,1% des voix, il qui paye son incapacité à mettre en oeuvre le Brexit.
 


Lot de consolation pour les europhiles : le scrutin a donné un nouveau souffle au parti Libéral-démocrate, qui obtient 20,4 % des voix. Mais il n'a pas les moyens de peser sur les décisions au niveau national avec une petite poignée de députés seulement.

Mais Nigel Farage n'a pas attendu les résultats pour prédire "une grande victoire" à son parti. L'autre grande formation traditionnelle, le parti travailliste, sort également meurtrie du scrutin avec 13,7% des voix, payant son attitude ambiguë sur le Brexit. La députée Emily Thornberry a ainsi reconnu que le Labour avait "besoin d'être plus clair et sans équivoque sur ce que nous voulons", sur la BBC. 
 
Quant aux Verts, ils doublent leur score par rapport à 2014, à 12,1%, devançant les conservateurs. Les Britanniques ont voté pour la sortie de l'UE à 52% des voix en juin 2016 et elle aurait dû entrer en vigueur le 29 mars. Theresa May n'a pas réussi à rassembler son parti, divisé sur la question, et les députés autour de son plan de divorce négocié avec Bruxelles. Elle a alors a dû demander son report, au 31 octobre au plus tard.

 

Capitaliser sur la colère


Créé il y a à peine quatre mois en réaction aux atermoiements au Parlement sur la mise en oeuvre du Brexit, le Parti de Nigel Farage n'affichait pas d'autre programme dans ces élections que la sortie de l'UE. Il a capitalisé sur la colère des électeurs face à l'interminable feuilleton du Brexit.

Farage, 55 ans, est un ancien trader à la City. Il avait déjà remporté les élections européennes en 2014, à l'époque à la tête du parti europhobe et anti-immigration Ukip. Il est pour un départ à tout prix de l'Europe, même sans accord pour absorber le choc.
 
"Pour honorer le vote démocratique du peuple et les promesses qui ont été faites, la seule chose que nous puissions faire est de sortir (de l'UE) avec les termes de l'OMC", a-t-il déclaré pendant la campagne. C'est-à-dire en quittant l'union douanière et le marché unique pour des relations commerciales régies par l'Organisation mondiale du Commerce.

Ce scénario est la hantise des milieux d'affaires et les Européens n'y sont pas non plus favorables. Le Parlement britannique avait voté contre. Mais la nouvelle victoire de Nigel Farage ne peut que conforter l'aile europhobe du Parti conservateur, favorable à une coupure nette avec l'UE. Et il a dans tous les cas demandé dès dimanche soir à "faire partie de l'équipe de négociations (avec l'Union Européenne, ndlr) afin que ce pays soit prêt à partir quelles que soient les circonstances".
 
Les Tories sont désormais plongés dans une lutte féroce pour la succession de Theresa May, avec déjà huit prétendants sur les rangs. Le favori, l'ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, qui avait joué un rôle clef pendant la campagne du référendum sur le Brexit, est sur la même ligne que Nigel Farage et se dit prêt à quitter l'UE sans accord.

Toute voix conservatrice allant au Parti du Brexit "va être interprétée par la plupart des candidats à la direction du Parti comme un message qu'ils doivent pousser en faveur d'un Brexit plus dur et sans accord", estime Stephen Barber, politologue de l'université de Bedfordshire.

 
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