Le groupe Eurotunnel a été pénalisé par la baisse du nombre de voyageurs entre la France et le Royaume-Uni suite aux attentats qui ont frappé l'Hexagone, et affiche un chiffre d'affaires en baisse de 4,1% au troisième trimestre, à 320,3 millions d'euros.
L'exploitant du tunnel sous la Manche a subi les conséquences de la baisse de trafic de la compagnie Eurostar, puisque le chiffre d'affaires qu'Eurotunnel tire du réseau ferroviaire - les péages acquittés par les opérateurs qui font circuler des trains dans le tunnel - chute de 11,7%, à 74,1 millions d'euros.
"Eurostar (...) est évidemment légèrement déprimé du fait des conséquences que je qualifierais de psychologiques des terribles attentats qui se sont produits" en France, a déclaré le PDG du groupe Eurotunnel, Jacques Gounon.
La France, pays jugé dangereux
Durant la période estivale, les "touristes américains et chinois (...) ne sont pas venus comme ils le faisaient traditionnellement" visiter plusieurs pays européens et aller de Paris à Londres en Eurostar, car "du fait de l'état d'urgence, ces pays listent la France comme étant un pays dangereux, dans lequel les tour operators ne peuvent pas s'aventurer", a-t-il précisé.Jacques Gounon a néanmoins affiché son optimisme pour les fêtes de fin d'année, estimant que la faiblesse de la livre suite au vote du Brexit "va attirer pas mal de Français à Londres".
En effet, "on ne voit aucune corrélation entre une faiblesse de la livre et le fait que le trafic ralentirait", a-t-il réagi, invoquant notamment les bons chiffres du trafic des navettes Eurotunnel, notamment pour le transport des camions: "on a des records historiques depuis onze mois d'affilée".
Les navettes ferroviaires, principale activité du groupe, qui transportent voitures et camions de part et d'autre de la Manche, ont connu une croissance de 4% sur le trimestre, avec un chiffre d'affaires de 178,6 millions d'euros.
Pas d'impact négatif de la Jungle de Calais
La présence de migrants dans la "jungle" de Calais, qui cherchent à rejoindre l'Angleterre, n'a pas d'impact négatif sur l'activité du groupe, a encore souligné Jacques Gounon: "pour nous qui passons sous la mer, qui sommes bien protégés, ça ne nous concerne pas directement".L'an dernier, le trafic du groupe avait été fortement perturbé, notamment durant l'été, par des intrusions de migrants dans la zone du tunnel, mais d'importants travaux ont été depuis réalisés pour contrer ce phénomène.
Europorte, opérateur de fret ferroviaire, a également vu son chiffre d'affaires chuter de 14,4% sur le trimestre, à 63,4 millions d'euros, du fait de "la baisse de l'activité du transport de céréales à l'été 2016", note le groupe.
L'entreprise indique par ailleurs avoir "ouvert des négociations avec ses organisations syndicales en vue de signer un accord collectif sur l'organisation et l'aménagement du temps de travail qui prenne en compte les nouvelles dispositions du décret-socle du ferroviaire publié en juin 2016", fixant les règles de travail communes à l'ensemble du secteur du rail.
Eurotunnel a annoncé mardi un projet de cession de sa filiale de fret britannique GB Railfreight (GBRf) au fonds d'investissement EQT Infrastructure II.
Quant à la société ElecLink, filiale à 100% d'Eurotunnel qui vise à réaliser et exploiter une liaison électrique de 1 000 mégawatts entre la France et la Grande-Bretagne via le tunnel sous la Manche, elle a "amorcé les premiers travaux avec Siemens et Balfour Beatty", a annoncé le groupe.
Sur l'ensemble des neuf premiers mois de l'année, le recul du chiffre d'affaires du groupe est de 3%, à 902,1 millions d'euros. Sur cette période, les navettes Eurotunnel sont en croissance de 4,5%, à 467,3 millions, mais le réseau ferroviaire enregistre une baisse de 9%, à 221,1 millions, et Europorte une baisse de 10,9%, à 202,8 millions.