Eurotunnel a annoncé avoir réalisé un bénéfice net de 39 millions d'euros au premier semestre malgré son conflit avec la Scop SeaFrance et l'afflux de migrants. Le groupe réclame d'ailleurs aux Etats britannique et français une indemnisation de 9,7 millions d'euros pour le premier semestre.
En plein conflit avec la Scop SeaFrance, le Groupe Eurotunnel a annoncé avoir réalisé un bénéfice net de 39 millions d'euros au premier semestre, et être repassée ainsi dans le vert, après 11 millions d'euros de pertes un an plus tôt. Ce résultat permet au groupe de maintenir ses objectifs en termes d'Ebitda (excédent brut d'exploitation): 535 millions pour l'ensemble de l'année 2015, 580 millions en 2016. Au premier semestre, cet excédent est ressorti à 252 millions d'euros, contre 216 millions à la même période l'an passé.
"Les résultats du Groupe Eurotunnel au cours du premier semestre 2015 s'inscrivent dans le dynamisme des trimestres précédents. Nous sommes confiants dans la poursuite de cette tendance positive sur la deuxième partie de l'année", selon le PDG du groupe, Jacques Gounon.
Une activité pénalisée par l'afflux de migrants
Le chiffre d'affaires est en hausse de 16,1% sur la période, à 648,8 millions d'euros, notamment tiré par l'activité des navettes, qui assurent les allers-retours entre la France et la Grande-Bretagne, chargées de voitures et camions. Le groupe estime toutefois avoir été pénalisé par l'afflux massif à Calais de migrants, dont l'objectif est de passer en Angleterre, et les moyens qu'il a dû mettre en oeuvre pour les en empêcher et pallier à une présence des forces de l'ordre jugée insuffisante.Eurotunnel affirme avoir dépensé, sur le semestre, 13 millions d'euros, soit autant que pour l'année 2014. Il réclame ainsi aux Etats britannique et français une indemnisation de 9,7 millions d'euros pour le premier semestre. Les deux tiers de cette somme correspondent à des dépenses, et le tiers restant à une perte d'exploitation. "Le gouvernement britannique s'est déjà engagé à prendre 4,7 millions d'euros en charge sur l'année 2015", précise le groupe.
Une nouvelle réunion prévue ce mercredi pour le dossier MyFerryLink
Eurotunnel doit également faire face à un important conflit avec la Scop SeaFrance, dont les marins ont bloqué mardi l'accès au tunnel sous la Manche pendant deux heures. Eurotunnel avait en effet créé la compagnie MyFerryLink, et racheté les bateaux de l'ex-compagnie maritime SeaFrance, pour les louer à la Scop. Mais, suite à des décisions britanniques lui interdisant de traverser le détroit entre Calais et Douvres, le groupe a mis fin aux contrats, et loue désormais deux des trois bateaux à l'un de ses anciens concurrents, DFDS, qui a déposé une offre prévoyant la reprise de 202 emplois. Eurotunnel pourrait en conserver 120 pour l'exploitation du troisième bateau.Jacques Gounon, a appelé la Scop "à une solution qui (lui) paraît tout à fait acceptable: une société en liquidation dont les trois quarts des effectifs peuvent être repris, c'est, je crois, assez rare". Après une première réunion en présence des différents acteurs, organisé lundi au secrétariat d'Etat aux Transports, mais qui n'a pas permis d'avancée des négociations, une nouvelle réunion est prévue mercredi.