Droit de terrasse annulé à Beauvais, commerces sanctionnés à Méru dans l'Oise, campagne de communication de la CPME de la Somme : on fait le point sur les "aides" et l'état des commerces confinés, à l'approche d'une possible et tant attendue réouverture.
#SauvonsNosCommercants. La CPME de la Somme participe depuis mercredi 18 novembre à une campagne de communication. Des kits, des visuels en ligne et des affichettes à imprimer et coller sur les vitrines, sont mis à disposition par le syndicat "pour sensibiliser l'opinion à l'urgence de rouvrir les commerces et aux difficultés des commerçants concernés par la fermeture."
Ce second confinement ne ressemble décidément pas au premier. À la une de l'actualité et des débats, la fermeture des commerces dits "non-essentiels" a pris le dessus sur l'effervescence dans les hôpitaux. La survie d'un pan de l'économie serait en jeu, alors qu'on promettait de la garantir "coûte que coûte". Qu'en est-il réellement ? Concrètement ?
La carotte et le bâton
Des représentants du monde commerçant seront reçus vendredi par le gouvernement pour établir un protocole sanitaire en vue d'une réouverture début décembre. Celle-ci pourrait être annoncée dans la foulée, ou plus probablement par le président Macron la semaine prochaine.Mais dans le même temps, le contrôle des "manquements" à l'application des règles du confinement s'est renforcé. Mercredi par exemple, après avoir sanctionné des chasseurs, la préfète de l'Oise a interdit à deux débits de boisson de Méru de pratiquer la vente à emporter midi et soir. Des "attroupements sur la voie publique aux abords [et des] regroupements persistants de personnes sans respect des gestes barrières" avaient été repérés par la police municipale.
Des aides nationales et locales...
Tandis que la communication de l'État ménage la chèvre et le choux, les collectivités locales rivalisent d'inventivité pour soutenir l'économie locale.
On peut citer les cartes prépayées du département de la Somme, dans le cadre d'un plan de relance plus global de 50 millions d'euros.
Ou encore l'exonération des droits d'occupation du domaine public (le "droit de terrasse") annoncée ce jour par la Ville de Beauvais, qui octroie déjà jusqu'à 3 000 euros aux commerces en difficulté, 4 000 pour le milieu de "l'art de vivre" (bars, cafés, restaurants, événementiel, tourisme, culture).
Des dispositifs qui se cumulent avec les aides gouvernementales, à commencer par les prêts garantis par l'État et le fonds de solidarité : 1 500 euros au premier confinement, jusqu'à 10 000 euros désormais, à redemander chaque mois. N'oublions pas non plus les exonérations de cotisations sociales, la suspension des prélèvements automatiques pour les indépendants, la possibilité d'étalement du paiement des cotisations, ou plus récemment l'aide à la création d'un site internet.
...pas toujours ressenties comme suffisantes
Un déploiement de moyens et une multiplicité d'annonces, qui ne doivent pas faire perdre de vue que, pour un commerçant fermé, les pertes engendrées par le confinement se chiffrent souvent en dizaines voire en centaines de milliers d'euros.
Depuis mars, j'arrive facilement à 60 000 euros de pertes et de frais divers. Au premier confinement, quand on a de la trésorerie, on se dit que ça va. Mais là, on a l'impression qu'on ne va pas voir le bout. On ne dort plus la nuit..."
Alors qu'ils font peu ou pas de chiffre, ces commerces doivent continuer à payer notamment les salaires, le loyer, le comptable, la cotisation foncière des entreprises (le gouvernment annonce toutefois cette semaine qu'elle peut être reportée), et pour les commerces non-fermés les cotisations ne sont que reportées à l'an prochain. Même si les dépenses pourront souvent être couvertes par le fonds de solidarité, il faut parfois les avancer.
Une chance pour s'en sortir : avoir l'ancienneté et les arguments pour obtenir un prêt bancaire, pas toujours simple à en croire certains commerçants, malgré le dispositif de garantie de l'État.
Peu de faillites pour le moment
Malgré cette incertitude pesante, les aides semblent faire leur effet. Réjouissons-nous de constater avec le président du tribunal de commerce d'Amiens, Gérard Diruy, que la pluie de faillites annoncée au printemps dernier pour cet automne n'est pas tombée. Les chiffres seraient rassurants, mais pourraient changer très rapidement.