La Fédération Française de Football a décidé de mettre fin aux compétitions départementales et régionales en raison de l'épidémie de covid-19. Pour Thierry Knauf, président de l'US Choisy-au-Bac, c'est la bonne décision. Mais il s'inquiète des conséquences de la pandémie sur le foot amateur.
"Tous les présidents attendaient cette décision je pense, c'était une évidence, ça devient trop compliqué d'envisager de jouer au football dans ces conditions", résume Thierry Knauf, président de l'US Choisy-au-Bac dans l'Oise. Cette décision, c'est celle que la Fédération Française de Football a annoncé le 24 mars : toutes les compétitions départementales et régionales, ainsi que le championnat de National 3, sont arrêtées, et la saison 2020-2021 est déclarée saison blanche.
Le Comité exécutif de la FFF a décidé d’arrêter toutes les compétitions amateurs départementales et régionales métropolitaines pour 2020-2021, en raison de l’épidémie de la Covid-19 et des mesures sanitaires renforcées. https://t.co/2Zv4sT9LzS
— FFF (@FFF) March 24, 2021
Avec une équipe qui évolue en Régionale 1 et d'autres dans les championnats départementaux, Thierry Knauf confirme la complexité de mener à bien les compétitions et les entraînements. "On a réussi à s'organiser pour respecter scrupuleusement les différentes règles qui sont sorties au fur et à mesure, et on a réussi à maintenir une continuité avec les jeunes licenciés et les séniors, c'était important pour nous", précise-t-il tout de même. "Mais en ce moment avec les nouvelles mesures, c'es très compliqué, c'est un questionnement permanent pour savoir ce qu'il est possible de faire et de ne pas faire, entre le couvre-feu, le rayon de dix kilomètres... Ce sont des amateurs, ils ont tous un travail, c'est complexe d'organiser les entraînements."
"Le sport amateur souffre"
Avec seulement 4 matchs joués en début de saison, il ne voyait pas vraiment d'autres issues que de déclarer la saison blanche. "La décision est la bonne et elle aurait même pu être prise plus tôt." Mais il s'inquiète néanmoins pour l'avenir du football amateur. "Je pense que certains joueurs vont se détourner du football, il va falloir retrouver la motivation. Je ne suis pas d'une nature pessimiste, mais avec les deux saisons difficiles qu'on vient de vivre...", regrette-t-il. "Et puis il y a des clubs qui vont disparaître. Nous on a la chance d'avoir une structure assez solide et une mairie qui nous soutient beaucoup. On va pouvoir traverser cette crise même avec le manque de rentrées d'argent. Mais ce ne sera pas le cas partout. Le sport amateur souffre, et certains ne pourront pas se relever."
Le président de l'US Choisy-au-Bac estime d'ailleurs qu'une mutation est sur le point de s'opérer. "On va se tourner vers un football plutôt loisir, au détriment de la compétition. Ca passera pas les nouvelles formes de foot, comme le five (foot à cinq, ndlr) ou le foot en marchant par exemple", explique-t-il. "Et puis peut-être que les gens auront désormais du mal à payer pour une licence annuelle sans savoir s'il n'y aura pas d'interruptions, donc peut-être qu'on va se mettre à proposer des paiements au mois ou au trimestre. Je pense que cette crise va nous obliger, nous présidents de clubs, à réfléchir différement."
L'attente en N2
Mais si lui peut déjà se tourner vers la saison prochaine, d'autres clubs, eux, restent dans l'attente. Le ministère des Sports n'a pas autorisé la reprise pour le championnat de National 2 (4ème division masculine) et la deuxième division féminine. Mais s'agit-il d'un simple report ou une saison blanche va-t-elle là aussi être décidée ? Rien n'est acté, la FFF n'a pas tranché.
Alors à l'Olympique Saint-Quentinois, on patiente. André Demoor, secrétaire général du club, plaisante : "En fait, on a le droit d'être dans les starting blocks, mais on ne peut pas lever les jambes. Ca va être compliqué, parce qu'au bout d'un moment on va avoir des crampes !"
S'il trouve que les restrictions sanitaires et les entraînements "sans contact" ne sont pas très réjouissants, il ne pointe personne du doigt. "De toute façon, il n'y a qu'un seul responsable, c'est le virus. Mais on aimerait bien avoir un peu de visibilité quand même." Son idée pour sortir de l'impasse ? Finir la phase aller et établir le classement sur cette base.
Trouver le bon compromis
"Le National va se poursuivre, donc si 4 équipes de National descendent en N2 à l'issue de la saison, mais qu'aucune de N2 ne monte en National, ça va être le bazar pour la saison prochaine. Si nous allons au bout de la phase aller, les quatre premiers du classement montent en National et ils seront remplacés par les quatre descendants, propose-t-il. Sinon, il faudrait décider qu'il n'y a pas de descente pour les équipes qui vont perdre le championnat de National, mais les règlements ne le permettent pas, ça risque de poser des problèmes juridiques."
Suivant cette logique, il resterait à l'Olympique Saint-Quentinois six matchs à jouer. "On a montré qu'on était en capacité d'organiser les choses de façon à respecter les consignes, la preuve, il n'y a pas eu de scandale sanitaire avec les clubs amateurs pendant la coupe de France, donc nous en sommes capables, assure André Demoor. Et pourtant, en tant que club, on pourrait dire qu'une saison blanche nous arrangerait, vu qu'on est en bas du classement. Mais franchement, sportivement, ce ne serait pas satisfaisant, ce serait moche."
Après une brève interruption, l'équipe a tout de même repris l'entraînement, notamment pour limiter le risque de blessures en cas de reprise du championnat.