François Ruffin, candidat à la présidentielle ? Cinq indices qui montrent qu'il y pense en se rasant

Le député de la Somme François Ruffin n'hésite plus à évoquer, avec prudence et sans certitude, l'idée d'une candidature à la présidentielle. 

François Ruffin, né à Calais, député de la Somme depuis 2017, peut-il être candidat à l'élection présidentielle 2022 ? La question pouvait sembler saugrenue il y a encore quelques mois. Elle était encore prématurée il y a quelques semaines. Et tout s'est précipité. Déclarations du principal intéressé, petites phrases de ses amis et ennemis politiques, papiers dans la presse...

Voici 5 éléments récents collectés dans l'actualité politique qui montrent que la candidature possible, éventuelle, plausible du journaliste-réalisateur de 44 ans est devenue une hypothèse de travail.
 

1. Il en parle dans un livre


« Peut-être que je rêve à un président-reporter, un président sociologue qui, à l’occasion, comme Henri IV (il paraît), se grimerait, revêtant sa capuche, descendrait incognito à la taverne pour écouter les habitants. » Cette phrase est écrite par François Ruffin dans son livre (sorti le 20 février dernier) "Ce pays que tu ne connais pas" (éd. Les Arènes). Elle ressemble fortement à un autoportrait.

Le député du groupe La France insoumise se place d'ailleurs tout au long des pages de ce pamphlet anti-Macron au niveau du Président de la République. Comme une sorte de face-à-face avec celui qui a fréquenté le même lycée que lui à Amiens. 
 


Une façon d'instiller dans la tête du lecteur qu'il pourrait devenir l'adversaire numéro un d'Emmanuel Macron ? François Ruffin s'en défend en critiquant une tendance bien française à concentrer le débat en permanence sur la présidentielle : "Elle pervertit tout, et je le sens jusqu'en moi-même: ça vous effleure, ça grossit en vous comme une tumeur, ce +Pourquoi pas moi?+ Les médias, les sondages, les collègues vous farcissent d'une ambition qui n'est pas la vôtre".

Et il ajoute : "Il faut y résister, alors, à la présidentielle, sans quoi on glisse dedans comme sur un toboggan, saisi par un tourbillon." Le député de la Somme y résiste-t-il vraiment ? 
 


2. Il se glisse dans la peau du président dans son documentaire sur les Gilets jaunes



Le film sort en salles le 3 avril prochain. "J'veux du soleil", un documentaire dans lequel François Ruffin (césarisé pour son précédent film "Merci patron !") tend le micro aux Gilets jaunes au cours d'un périple à travers la "France des ronds-points". Tourné en décembre avec le cinéaste Gilles Perret, ce road-movie se déploie d'Amiens à Montpellier sur une période de six jours.

D'une manière détournée, François Ruffin y évoque aussi la présidentielle. « Si j’étais président, tu me dirais quoi ? », demande-t-il à des Français en gilets jaunes. Un jeu de rôle auque le député LFI ne "s'amuse" par hasard : la question revient à trois reprises dans le film, note Mediapart.  
 
 

3. Il a créé un micro-parti


C'est souvent un petit pas qui ne trompe pas. La création d'une structure partisane et financière, au cas où... François Ruffin fait désormais partie de ces hommes politiques qui ont leur propre micro-parti. Il s'appelle « Picardie Debout ». Un nom avec lequel il s’était fait élire aux législatives. 

Ce micro-parti, créé le 16 février 2019, est destiné à collecter des financements et à « préparer autre chose », selon les mots de François Ruffin à la fin de son livre. L'équipe du député a justifié à Libération cette création simplement par la nécessité de se doter d'«un cadre juridique». "Ce n'est pas pour jouer aux petits chevaux de 2022", ajoutait à Franceinfo une source dans son entourage.
 


«L’activité du micro-parti tourne autour d’une seule personnalité : un élu local, un député, un ministre ou une personnalité qui veut un minimum d’autonomie financière qu’il n’a pas au sein d’un grand parti. Ils disposent d’une totale liberté de création et de gestion», expliquait France Info en 2015 à propos des micro-partis dans la vie politique française.
 

4. Il fait réagir ses amis et ennemis politiques


C'est un autre signe qui ne trompe pas. Ces dernières semaines, les petites phrases autour de "l'ambition présidentielle" de François Ruffin se multiplient. Dans tous les camps. "Évidemment qu’il sera candidat à la présidentielle, même s'il ne le sait peut-être pas encore !", affirme par exemple dans Mediapart le député du Modem, Richard Ramos, un de ses "amis" à l'Assemblée nationale.

"Nous sommes dans une époque où tout le monde, partout, dans tous les partis, se met en campagne personnelle, et Emmanuel Macron a créé un précédent qui fait rêver tout le monde", explique également Younous Omarjee, eurodéputé LFI. Le parti de Jean-Luc Mélenchon semble d'ailleurs ménager la chèvre et le chou ces dernières semaines. En soulignant le talent de Ruffin tout en lui reprochant parfois son manque de solidarité avec le groupe. En réaffirmant que Mélenchon reste le leader tout en laissant une place à celui qui est populaire à gauche. 

"Jean-Luc a une parole suffisamment ample, le verbe pour rassembler toutes les sensibilités des grands mouvements progressistes de notre pays, pour l'instant il est celui qui le fait le mieux parmi nous", estimait le 20 février Alexis Corbière, député proche de M. Mélenchon. Il ajoutait : "Je ne suis pas quelqu'un qui mange dans l'assiette des autres, je sais reconnaître le talent de mes amis (...), et on profitera sans doute de son film".
 


De son côté, Ruffin ménage aussi les susceptibilités : "Je vois Jean-Luc Mélenchon presque chaque semaine en tête à tête. On ne parle pas de politique, plutôt de littérature, de peinture, d'histoire, de tout ça. Je lui apporte, un air du dehors, un bol d'air (...) Je me vois comme un artiste en politique, lui serait un artiste de la politique".

LREM, le parti du Président, a également fait de François Ruffin, une cible de premier plan. Des députés lui reprochent sa stratégie du buzz permanent, son absentéisme à l'Assemblée nationale, sa virulence vis-à-vis du Président.
 
Il y a un peu plus d'un an, le premier à vraiment évoquer une candidature de Ruffin à la présidentielle était l'historien-essayiste Emmanuel Todd : "Notre prochain président c'est Ruffin", disait-il dans C politique, à une époque où personne n'évoquait l'idée.
 

 

5. Il se dit encouragé par Jean-Luc Mélenchon "à ne pas fermer la porte de la présidentielle"


"Jean-Luc Mélenchon m'encourage à ne pas fermer la porte de la présidentielle". C'est la dernière petite phrase en date. Elle est signée François Ruffin dans le Figaro de ce vendredi.

Un pas de plus ? Oui mais le député de la Somme s'empresse de tempérer cette déclaration : "Je ne me vois pas, aujourd'hui, en homme d'Etat. Je ne dis pas que cela n'arrivera pas, mais je mesure le fossé".
 

Et il ajoute : "Je suis un bon animateur de la démocratie, un représentant du peuple, c'est beau déjà. Allez discuter avec Poutine et Trump, j'ai du mal à me mettre dans le costume... Et puis, quand on voit l'état de notre camp aujourd'hui, la probabilité d'accéder à la présidence paraît limitée". Fin très provisoire de la séquence "Ruffin candidat."

 
L'actualité "Politique" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité