Les frontières avec la Belgique ont rouvert ce lundi 15 juin, au plus grand bonheur des frontaliers et des commerçants belges.
"Il était temps !": venus acheter du tabac ou boire un café en terrasse, des centaines de Français ont profité ce lundi 15 juin de la réouverture de la frontière franco-belge, une "délivrance" pour les clients comme pour les commerçants.
"J'en ai eu pour 400 euros !", lance Claudine Minne, 72 ans, à peine sortie du premier bureau de tabac côté belge à Menin. "Je suis tranquille pour 15 jours, trois semaines. Ici, c'est 2,5 fois moins cher qu'en France !", ajoute-t-elle en tenant un sac débordant de cartouches de cigarettes.
Quelques minutes plus tôt, des employés municipaux ont retiré les barrières métalliques qui séparaient depuis trois mois Halluin, commune française du Nord, de sa voisine Menin, ville flamande de 33.000 habitants, situées à une vingtaine de kilomètres au nord de Lille.
Certains ont même compté les jours
Comme Claudine Minne, habituée à venir chaque semaine profiter de la taxation avantageuse, de nombreux Français ont "compté les jours" depuis la mi-mars, date du début du confinement qui a transformé la commune en "ville morte", en pleine pandémie de Covid-19.
Attablés en terrasse, où serveurs et clients jonglent entre le français et le néerlandais, Mauricette et Arnaud Carré savourent leur première bière, sourire aux lèvres. "Tous les jours, on regardait derrière la grille pour apercevoir nos commerçants. Ça nous a énormément manqué. Aujourd'hui, c'est la délivrance", confient-ils.
S'il vit côté français, à 300m de la frontière, le couple a ses "petites habitudes" en Belgique. "Les gens y sont chaleureux, c'est familial. On ne retrouve pas la même atmosphère chez nous !"
Une joie partagée avec les commerçants, pour qui cette reprise s'apparente à un vivifiant bol d'air. "La période a été dure", confirme Pascal Verduyn, vendeur de glaces, qui a été contraint de mettre son employée au chômage temporaire après vu son chiffre d'affaires baisser de 80%.
Il espère désormais que le retour des clients sera rapide, facilité par le temps estival et l'attractivité des tarifs. "L'avantage, c'est que cela marche comme un centre commercial en plein air, avec des achats à la chaîne; les visiteurs en profitent pour acheter du pain, manger une glace ou aller au restaurant", énumère-t-il en rangeant sa cuisine.
"Bonheurs simples"
Dans la rue principale, plusieurs rideaux métalliques sont encore baissés. Tandis que l'activité reprend peu à peu, des affiches sanitaires collées sur les vitrines rappellent les gestes barrières.
"Chez nous, c'est 1m50", note Christophe Vermeulen en montrant le marquage au sol. Pour ce gérant de brasserie, l'impact a été lourd. "Comme notre clientèle est surtout française, on a été obligés de fermer complètement car on ne pouvait pas faire de vente à emporter. On a rouvert le 8 mais là, nous voyons vraiment la différence", assure-t-il.
Pendant trois mois, toute personne franchissant la frontière sans raison valable pouvait écoper d'une amende de 250 euros, la police belge veillant au grain grâce à un système de vidéo-surveillance.
Même si la traversée est désormais légale, "ce sera toujours différent jusqu'à la fin de l'année", le temps que tout "revienne à la normale", prédit M. Vermeulen en évoquant l'incertitude des prochaines semaines.
Quelques kilomètres plus loin, à Wervicq, le secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, traverse symboliquement le pont enjambant la Lys, accueilli par des responsables belges.
? À Wervik, à la frontière????, à la rencontre de belges préparant leurs vacances ou escapades en France !
— Jean-Baptiste Lemoyne (@JBLemoyne) June 15, 2020
La levée des contrôles aux frontières internes ?? marque aujourd’hui une étape vers le retour des jours heureux.
➡️ Welkom & bienvenue en France !#cetetejevisitelafrance pic.twitter.com/hQCWbxvVDf
"Nos amis belges sont la première clientèle en terme de dépenses touristiques", rappelle-t-il, évoquant une "fidélité réciproque". "C'est un retour aux "bonheurs simples" mais "très attendus de part et d'autres", comme "pouvoir à nouveau se retrouver".
Il salue un groupe de cyclistes prêts à traverser la frontière. Parmi eux, Jean-Pierre Delvael, 73 ans, est ravi de pouvoir retrouver la France. "Ça nous a beaucoup manqué car les pistes cyclables y sont bien meilleures et il y a moins de circulation..."