Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin met en garde contre "le risque de désunion nationale" et un scénario anti-système à l'italienne, dans un entretien au Figaro paru ce vendredi, veille d'une nouvelle mobilisation à hauts risques des "gilets jaunes".
"Le risque de la France, c'est l'Italie plus la violence", affirme le ministre, interrogé sur la possibilité de transformation du mouvement des gilets jaunes en une force politique anti-système tel que le Mouvement 5 Étoiles en Italie."Nous devons écouter le peuple et nous n'avons pas d'autre choix que de poursuivre les réformes pour continuer à transformer notre pays , afin de préserver notre modèle social", estime-t-il, jugeant le "moment difficile pour le gouvernement et la démocratie".
Selon lui, cette crise est le "fruit de 30 ans d'inégalités territoriales et sociales", elle ne traduit "pas seulement un ras-le-bol fiscal" mais elle est aussi "identitaire". "Les Français se demandent quel est le rôle de l'Europe, (...) ils se posent la question de l'avenir de nos enfants, s'interrogent sur la place des religions et notamment de l'islam", développe-t-il.
Je salue tous ceux qui ont lancé ou relayé l'appel au calme, quelle que soit leur position face au gouvernement. Cette responsabilité les honore et les grandit. En France, c’est la République qui doit avoir, toujours, le dernier mot. Nous devons la préserver. pic.twitter.com/MwgQVUzGdn
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 6 décembre 2018
"Mais quelle est l'alternative à Emmanuel Macron ?"
"Cela fait longtemps que le pays est au bord de la rupture", poursuit-il, "le président est très conscient de la situation" et il parlera, "quand il le jugera bon". "Mais quelle est l'alternative à Emmanuel Macron ? Marion Maréchal ou Jean-Luc Mélenchon ? Si nous ne sommes pas tous responsables, le risque de désunion nationale est très important", s'alarme M. Darmanin, qui appelle à aider Emmanuel Macron "à réussir pour le bien de notre peuple".
Néanmoins, "la majorité et le gouvernement gagneraient à être plus humbles", concède-t-il, tout en appelant l'opposition "à être plus responsable" notamment au nom du respect des institutions.
Concernant l'Impôt sur la fortune immobilière, le ministre se refuse à tirer des conclusions sur ce dispositif après six mois d'application. Estimant, en revanche, que l'ISF "a contribué à empêcher (l')économie de croître" du fait de l'évasion fiscale, Gérald Darmanin se refuse "à taxer de nouveau plus le capital, qui crée le travail, pour satisfaire le ressentiment de certains".