Via les gendarmes ou des société privées, les mobilisations de voisins pour veiller contre les cambriolages se multiplient dans la Somme, l'Oise et l'Aisne.
Participation citoyenne ou Voisins vigilants solidaires : ces deux dispositifs font appel au voisinage pour surveiller et signaler d'éventuelles infractions et cambriolages dans leurs communes. Depuis quelques années, à l'entrée des villes et des villages de Picardie, les pancartes signalant ses dispositifs se multiplient, preuve de la mobilisation de ces habitants pour leur sécurité.Lancée en France en 2006, Participation citoyenne se développe dans l'Aisne depuis 2011. "C'est une démarche qui est tout à fait innovante puisqu'elle correspond à véritable changement de culture, souligne le lieutenant-colonel Jean-Charles Metras, commandant du groupement de gendarmerie de l'Aisne. Il s'agit d'associer la population à sa propre sécurité avec les forces de l'ordre."
Des vigies bénévoles
A Margival, dix habitants se sont portés volontaires pour être "habitants-relais" dans le cadre du dispositif. Leur rôle : signaler toute activité suspecte dans leur environnement proche. Un moyen de reprendre en main sa sécurité pour Paul Koncz, victime d'un cambriolage en 1983. "Ça traumatise", reconnaît-il.
Quand à Viviane Barboun, c'est son activité professionnelle à domicile qui l'a décidée. "Il y avait quand même pas mal de cambriolages, se souvient-elle, j'étais souvent interrogée par les gendarmes qui me demandaient si j'avais vu quelque chose, passer quelqu'un, un bruit... Je me suis tout de suite portée volontaire parce que j'avais le temps de le faire."
"Noter les informations utiles"
Au cours des réunions d'information, la gendarmerie insiste sur la prudence. "On ne parle pas du tout de faire le travail à notre place, assène le capitaine Laëticia Delgado, commandant de la compagnie de gendarmerie de Soissons. Il n'est pas question de se substituer à la gendarmerie. L'intérêt c'est d'être sensibilisé en tant qu'habitant relais et de pouvoir noter toutes les informations utiles qu'on pourrait voir depuis son salon ou sa cuisine."
Un dispositif similaire existe, mais privé cette fois : Voisins Vigilants et Solidaires. L'objectif, à savoir lutter contre l'insécurité, reste le même. Mais le service est issu d'une entreprise privée d'origine associative. L'inscription est gratuite pour les particuliers mais les communes versent une cotisation en échange d'outils de communications poussés : application, services d'alerte par texti, etc.
Une "facilité de communication"
C'est ce qui a décidé le maire de Gamaches, dans la Somme, à débourser 1000 euros. "Il y a cet aspect SMS qui est plus important et qu'il n'y a pas avec participation citoyenne, souligne Daniel Destruel (DVG). Nous sommes bien sûr en relation avec la gendarmerie mais c'est au niveau facilité de communication qu'on a choisi cette solution."
Noter la couleur des véhicules, l'heure de passage... Autant d'éléments utiles pour les forces de l'ordre qui facilitent leur travail au quotidien. Le village de Margival, 320 habitants, avait subi six cambriolages durant la période estivale avant la mise en place de la Participation citoyenne. L'été dernier, aucun. Dans le département, sur 785 communes, 585 ont déjà signé une convention avec l'Etat.
