Grande-Synthe : l'État débloque 4 millions, le camp voué à une fermeture progressive

Quatre millions d'euros, un accent sur l'asile, et la réaffirmation qu'il s'agit d'une solution transitoire: l'Etat a acté lundi son engagement dans la gestion
du camp de Grande-Synthe, construit par MSF malgré la réticence initiale des pouvoirs publics.

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Les ministres de l'intérieur Bernard Cazeneuve et du logement Emmanuelle Cosse se sont rendus en milieu de journée sur ce site dit de "La Linière" à Grande-Synthe, où ils ont rencontré des exilés, essentiellement des Kurdes attirés par la proximité de la Grande-Bretagne, et des membres d'associations.

Un accord signé

Sous une pluie persistante, ils ont arpenté les allées de ce camp de petits cabanons, ouvert début mars à l'initiative du maire écologiste Damien Carême, pour remplacer un bidonville de tentes installé à quelques kilomètres de là.

Mais l'objet principal de la visite était la signature d'une convention  tripartite entre l'Etat, la municipalité et l'Afeji (association nordiste luttant contre l'exclusion) portant sur la gestion du camp.

"Nous allons nous engager à hauteur de 3,9 millions d'euros", a indiqué la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, confirmant un chiffre donné le mois dernier par le maire.

Ne pas pérenniser le camp

"Nous voulons un accueil digne pour chaque migrant", a de son côté affirmé Bernard Cazeneuve. Mais cela ne peut passer par la pérennisation de campements, a-t-il ajouté. L'ouverture de ce camp, construit par Médecins sans frontières et la municipalité, avait donné lieu à un bras de fer entre le maire et les pouvoirs publics, qui pointaient les risques d'incendie ou d'accident, du fait de l'autoroute toute proche.

Au vu des garanties apportées par la municipalité, l'Etat a finalement renforcé son engagement, mais la logique n'est pas de pérenniser cette installation.
Si la convention prévoit un "accueil républicain des personnes migrantes", celui-ci se fera "de façon temporaire", avant "la fermeture progressive du camp au fur et à mesure des départs des personnes migrantes".

De plus en plus de départs

Ces départs se sont accélérés ces dernières semaines, le nombre de migrants passant de 1 300 en mars à 757 il y a quelques jours. Les pouvoirs publics comptent sur une poursuite de ce mouvement, qu'ils attribuent à la lutte contre les passeurs et les départs vers des centres d'accueil (CAO), où ils peuvent réfléchir à une demande d'asile.

"Nous n'avons pas vocation à maintenir des camps qui ont un moins bon standard humanitaire" que les CAO, a rappelé M. Cazeneuve lors de
sa conférence de presse. 

Les associations inquiètes 

La convention met ainsi l'accent sur la promotion de l'asile, avec des maraudes quotidiennes et l'embauche de quatre volontaires en service civique. Elle prévoit que les enfants en âge scolaire soient accueillis dans les écoles et collèges de la ville, et la fin des cours dans le camp.

Mais les associations s'interrogent sur ce que recouvre cette dynamique. "Nous ne souhaitons pas du tout l'existence de camps de migrants, mais surtout, ne le détruisez pas avant d'avoir construit quelque chose de digne", a lancé Claire Millot, secrétaire générale de l'association Salam, lors de la rencontre avec les ministres.

Quelle solution après la fermeture ?

"Le camp n'est pas une solution évidemment, qui soit acceptable dans le temps. Je compte sur vous pour donner le ton aux gestionnaires dans le sens d'un accompagnement", a dit Franck Esnée, chef de mission de Médecins sans frontières (MSF). Au coeur des inquiétudes des associations, la perspective de démantèlement progressif, puisque la convention prévoit que "plus aucune entrée ne peut être effectuée sans l'autorisation conjointe et expresse" des gestionnaires.

"Comment envisager la fermeture totale (...) alors que la crise migratoire en Europe ne fait que s'amplifier?" s'interroge l'association Utopia56, qui assurait la gestion du site depuis son ouverture.

L'Etat engagé jusqu'à 2017

Au ministère de l'Intérieur, on se veut rassurant, en expliquant que la gestion sera "pragmatique et adaptée à la réalité du terrain""Nous avons voulu que ce camp soit ouvert depuis le début, cela ne changera pas", a aussi assuré M. Carême.

Selon cette convention, l'Etat s'engage pour un an, jusqu'au 31 mars 2017, avec une possibilité de renouvellement tacite. Un point d'étape sera organisé en septembre.
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