Dans les Hauts-de-France, "l'union et la débrouille" des collectivités pour offrir des masques aux habitants

Commandes multiples, retards de livraison... à l'échelle des villes, des agglomérations ou de la région, chacun s'organise comme il peut pour fournir en masques les habitants dans les jours ou semaines qui viennent.

"L'union et la débrouille", face à la "grande galère des masques" : souhaitant offrir une protection réutilisable à chaque habitant à l'heure du déconfinement, les 3.800 maires des Hauts-de-France se démènent, appuyés par une initiative inédite de la région, mais confrontés à des retards de livraison.

"Trop chers, pris d'assaut, de qualité variable..." : pour sortir protégé, "se procurer des masques est toujours une galère !", lance Anne-Lise Dufour-Tonini, présidente de l'association des maires du Nord, entre deux réunions et un "live Facebook".
 
 

"Les maires ont dû se débrouiller"


Emmanuel Macron l'avait promis mi-avril : dès le déconfinement, en "lien avec les maires, l'Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public", en tissu lavable. "Mais quel modèle, quel fournisseur, quel budget ? Les maires ont dû se débrouiller !", déplore l'élue PS de Denain.

Anticipant les pénuries, "les collectivités n'avaient pas attendu ces annonces. Depuis des semaines, villes et intercommunalités lancent chacune leur initiative. Et aujourd'hui, c'est le grand désordre !", commente son homologue du Pas-de-Calais André Flajolet, maire de Saint-Venant.

Il y a ceux qui, comme chez lui, "recevront trois masques de la ville, la communauté d'agglomération et la région". Ceux qui n'en recevront qu'un, "cette semaine ou la suivante". Les modèles "homologués ou artisanaux..." seront lavables dix fois, trente ou cinquante, les livraisons en porte-à-porte, drive ou points fixes.

Dimanche, 90% des 200.000 habitants de la communauté urbaine de Dunkerque avaient par exemple reçu un exemplaire. Pour tout réceptionner "à temps", la CUD "a multiplié les fournisseurs", s'adressant à des entreprises du secteur textile ou médical, et produisant avec des bénévoles.
 
À Roubaix, "la totalité des 120.000 masques" ont été produits localement dans l'atelier du Réseau Résilience pour près de 350.000 euros, puis distribués à domicile.

La maire de Lille Martine Aubry a elle commandé 500.000 masques à plusieurs fournisseurs, principalement les sociétés françaises Ruko et Opull'ence, pour 1,4 million d'euros. Ils arriveront cette semaine dans les boîtes aux lettres grâce à un partenariat avec La Poste.
 

 

"Filière régionale"


Mais à Croix, Villeneuve d'Ascq, Ronchin ou ailleurs, les délais de livraison se sont allongés, "étirés" par la concurrence, les difficultés d'acheminement et d'homologation, analyse M. Flajolet.

Malgré des commandes "passées tôt", Amiens-métropole n'avait reçu mercredi que 15% des 190.000 masques achetés à plusieurs entreprises régionales. La présidente du Grand Calais Natacha Bouchart distribuera de son côté les masques du confectionneur Balsan "dès le 18 mai". Certains maires attendront eux leurs cartons jusqu'à juin.
 
Devant l'urgence, le conseil régional a débuté lundi sa propre distribution, visant à doter ses six millions d'administrés.
 
"Dans les dix jours qui viennent, nous fournirons quatre millions de personnes non encore livrées par leurs communes", en priorité "les premiers clusters et départements où le virus circule le plus", soit l'Oise et l'Aisne, explique son président Xavier Bertrand. 
 
"Quatre-vingt points relais" - sièges d'intercommunalités, maisons de département, chefs lieux de canton ou groupement de gendarmerie - permettront aux maires de récupérer leurs lots, détaille-t-il, saluant "l'union" des maires, agglomérations et départements.

"Lavables vingt fois et certifiés", les masques ont tous été cousus par le Réseau Résilience - rassemblant PME du textile, entreprises d'insertion... - pour environ 8 millions d'euros. 

 

Bientôt un "incontournable" des foyers français


Ils ont été produits "sur une dizaine de sites", notamment d'industriels du textile ou "reconvertis temporairement", comme Toyota à Onnaing, chargé d'en fabriquer un million, ou Valéo à Etaples.

"C'est une filière qui se met en place" et "a vocation à devenir permanente", s'enthousiasme M. Bertrand, persuadé que les masques deviendront demain "un incontournable" des foyers français.
 
La région met aussi en place une centrale d'achats, pour que les mairies puissent à terme "proposer aux habitants des masques à prix coûtant" et "tiré vers le bas". 

"Sans cela, les communes modestes n'auraient rien", estime Mme Dufour-Tonini, notant "les trous dans le budget, et les responsabilités supplémentaires".

"Reste à définir la participation exacte" de l'Etat, qui a promis de co-financer les masques, ajoute-t-elle, refusant "que les maires soient une table de décharge".
 
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