Jacqueline et Gilles Delory ont assisté ce lundi à Paris à l'hommage national aux victimes du terrorisme, non sans une certaine amertume. Ces habitants de Linselles (Nord) estiment que leur fils Vincent a été "sacrifié" lors d'un assaut donné par l'armée française au Niger contre ses ravisseurs.
"C'était un bel hommage mais les paroles des politiques, c'est toujours la même chose, ce sont des paroles qui ne sont suivies de rien", a réagi Gilles Delory qui a assisté avec son épouse Jacqueline ce lundi à l'hommage national rendu aux victimes du terrorisme à l'Hôtel des Invalides à Paris, en présence du président de la République François Hollande.
Ces habitants de Linselles (Nord), près de Lille, ont perdu leur fils, Vincent, le 8 janvier 2011. Le jeune homme, âgé de 25 ans, avait été enlevé par des terroristes d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) alors qu'il prenait un verre dans un restaurant de Niamey, au Niger, en compagnie de son ami d'enfance Antoine de Léocour dont il était venu assister au mariage. Les deux Nordistes avaient été tués lors de l'intervention de l'armée française qui avait pris en chasse leurs ravisseurs. Si Antoine de Léocour a bien été abattu d'une balle dans la tête par un membre d'AQMI, les circonstances du décès de Vincent Delory, elles, sont toujours restées floues. Ses parents estiment qu'il a été "sacrifié pour raison d'état", "afin de démontrer que la France ne cède pas au terrorisme". Et depuis presque six ans bientôt, ils réclament que leur fils soit "reconnu mort pour la France", ce que l'Etat refuse.
"On est des victimes à part"
"On est des victimes à part", résume Gilles Delory. "On est victimes du terriorisme, plus de la raison d'état. Et l'Etat ne veut pas reconnaître qu'il a déclenché la mort. Résultat, on a doit à rien, on n'est jamais cités, tout le monde nous oublie et ça, on ne supporte pas". "On est abandonnés, on est ignorés, on ne fait partie de rien du tout, tout le monde veut oublier et on est mis au placard", ajoute son épouse Jacqueline."On nous dit, c'est une vielle histoire, vous n'allez pas remettre ça encore, passez à autre chose", déplore le père de Vincent. "On ne peut pas passer à autre chose, nous, on est toujours le 8 janvier 2011 et tant qu'il n'y aura pas de reconnaissance, on restera au 8 janvier 2011". Ce lundi encore, Jacqueline et Gilles Delory ont distribué des tracts portant le visage de leur fils à la sortie de la cérémonie d'hommage aux Invalides. Sans obtenir davantage d'écoute...