À Gamaches, dans la Somme, un jeune couple s’est lancé depuis 2016 dans la culture de plantes aromatiques et médicinales pour en faire des huiles essentielles et des infusions. Un pari osé qui porte ses fruits.
Les teintes violettes de lavande s’étalent le long des sillons. Ici et là, entres autres, du thym et du romarin. À perte de vue, une ribambelle de plantes aromatiques et médicinales en attente d’être récoltées répartie sur près d’un hectare de terrain. Non ce n’est pas un rêve ou une chimère venus des paysages du sud, mais bien une scène 100% picarde. C’est à Gamaches dans la Somme que depuis 2016, l’entreprise Florixir s’est lancé le défi de produire localement des huiles essentielles et des infusions. Un sacré challenge porté par Thomas Lecureux, sa compagne et son père.
C’est Thomas, jeune diplômé en comptabilité et gestion de projets innovants et en productions végétales et industries agroalimentaires, qui est à l’origine du projet. "J’ai toujours été attiré par le monde végétal. Ma mère a été gravement malade, elle a fait trois cancers et à la maison le bon pour la santé c’était quelque chose de très important. Personnellement, j’ai essayé de toujours avoir du lien entre les plantes et la santé. L’idée de cette entreprise, c’est de trouver des remèdes naturels pour aider les gens avec des produits locaux, bios et produits par nous-mêmes avec une traçabilité complète."Ce ne sont pas le genre de plantes qui sont cultivées par chez nous. On est plutôt une terre de grandes cultures classiques types blés, betteraves, maïs. C’est ce challenge qui m’a intéressé et l’idée de pouvoir transposer tout ce que j’avais appris et de créer quelque chose d’innovant chez nous, parce que je suis originaire d’ici.
Un long travail pour convaincre
Créer ce que Thomas présente comme le "premier champ de lavandes en Picardie" et les "premières huiles essentielles du nord de la France" a nécessité un grand travail de recherche en amont. "Il a fallu apporter un soin particulier à la culture pour sélectionner les plantes, les variétés adaptées car les sols et les conditions sont évidemment différentes en Picardie du sud de la France. Ce sont des plantes qui aiment normalement des terrains plutôt pauvres, mais au final certaines variétés s'adaptent très bien. Il fallait aussi vérifier que l’on obtenait la même qualité qu'ailleurs notamment au niveau des huiles essentielles", expose Thomas.Une démarche d’autant plus importante lorsque l’on porte un projet si novateur, qui prend aussi bien de court les potentiels partenaires et les banquiers que l’entourage du trentenaire. "Il a fallu convaincre. Répondre à des pourquoi comment. Des plantes médicinales et bios en plus en Picardie ça soulevait beaucoup de questions. Certains proches me disaient – mais qu’est-ce qu’il t’es passé par la tête ?", poursuit Thomas.
"Les gens cherchent des alternatives aux soins traditionnels"
"Il y a beaucoup de personnes autour de nous qui n’y croyaient pas vraiment. Pour moi, c’est une réussite totale", embraye tout sourire Bernard, le père de Thomas. "Les clients viennent et reviennent, il doit bien y avoir une raison." Désormais, en plus du trio originel, un salarié, deux saisonniers et des stagiaires permettent à l’entreprise de la Somme de répondre aux besoins des clients de plus en plus nombreux. L'offre s'est elle aussi élargie. "Aujourd’hui, on a plus de 150 références de produits. Ils sont vendus dans près de 40 boutiques dont la nôtre. Et on travaille également avec des chefs cuisiniers", énumère Thomas.Pour Thomas, ce succès s'explique notamment par une conjoncture favorable à ce genre de propositions. L'entreprise répond à un besoin de plus en plus marqué. "Les gens cherchent des alternatives aux soins traditionnels et se tournent de plus en plus vers les plantes qui sont plus douces pour la santé. Aussi bien pour l’arthrose, que pour le stress ou le diabète, l’hypertension, des plantes qui agissent sur les maux quotidiens il y a des choses qui fonctionnent vraiment très bien."
Depuis la création de l’entreprise, 10 tonnes de plantes récoltées sont vendues sur internet et en boutique. Le reportage sur place de notre équipe télé à retrouver ici.