Chloroquine : "Je ne suis pas pro-Raoult mais l'étude publiée par The Lancet, c'est une merde", lance le Pr. Froguel

Le Professeur Froguel s'indigne du crédit accordé à l'étude publiée par la revue scientifique anglaise The Lancet concernant la possible dangerosité de l'hydroxychloroquine pour le traitement du Covid-19.

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Depuis le début de la crise du coronavirus, le Professeur Philippe Froguel a décidé de prendre régulièrement la parole. Professeur au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres, il est une voix reconnue dans le monde scientifique notamment pour ses recherches sur le diabète. 

Ces derniers jours, c'est la polémique autour de l'hydoxychloroquine qui l'a mis en colère. Publication d'une étude dans "The Lancet" concluant à son inutilité et même sa dangerosité, arrêt des prescriptions immédiat en France, réaction virulente du professeur Didier Raoult, grand défenseur de ce traitement... Le professeur Froguel voit dans ces débats une sorte de défaite de la science qui l'attriste beaucoup. 
 

Pourquoi l'article de The Lancet vous a-t-il fait réagir ?


J'ai d'abord beaucoup hésité à réagir parce que je ne veux pas qu'on dise que je suis pro-Raoult. On ne peut rien dire : on est forcément soit pro, soit anti. Mais l'article de The Lancet pose de gros problèmes. Les données sont trop bizarres, pas fiables. On ne sait même exactement d'où elles viennent comment ils se les sont procurées. Du coup, les conclusions ne peuvent pas être fiables. The Guardian a bien vu tous ces problèmes. Ce papier est une merde en grande partie fabriquée par une firme inconnue qui voulait se faire de la pub. 

Lancet, c'est le tabloïd de la presse médicale. Ils font le buzz avec des données fake. La science, ce n'est pas ça ! Et la presse française a repris sans réfléchir cet article. Nous n'avons plus de journalistes scientifiques. 

   

Pourtant le gouvernement français a immédiatement réagi en arrêtant tous les essais liés à la chloroquine ? 


C'est un peu du masochisme. Ils ont réglé leurs comptes avec Raoult mais ils l'ont fait sans se rendre compte qu'ils utilisaient pour cela The Lancet, qui a quelque part ridiculisé la science française avec cet article. C'est un réglement de comptes politique pour arrêter la prescription désorganisée de choloroquine. 


Le Professeur Raoult est aussi très contesté dans ces méthodes. Qu'en pensez-vous ? 


Raoult est très nuisible à la recherche médicale. Il nous ridiculise, c'est vrai, mais il a décidé de s'affranchir des règles et il l'assume. Je l'ai défendu sur les tests massifs parce que c'était la bonne méthode mais pour la choloroquine, il agit de manière empirique, pas du tout scientifique.

Pour tuer la chloroquine, on s'appuie sur un article qui n'est pas scientifique. Je ne sais pas si la choloroquine est efficace, je ne me prononce pas là-dessus. Je pense même qu'on ne le saura jamais de manière scientifique, puisqu'il n'y a plus assez de malades. J'observe aussi que les grandes études Recovery / Discovery n'ont pas retrouvé ces effets négatifs du médicament. Aucun médicament n'a prouvé son efficacité face au Covid-19. 


Pourquoi cette polémique vous met-elle en colère ?


La recherche c'est du temps long, c'est de la réflexion, de la méthode. Les politiques ont besoin de choses simples mais les scientifiques c'est autre chose, la science c'est autre chose. Dans cette crise, je trouve qu'on est en train de suicider la recherche médicale. Nous, les scientifiques, on pleure tous les jours en ce moment. Les gens qui sont à la tête de recherches sérieuses sont tristes d'observer tout ça. C'est un déversoir à conneries en ce moment le Covid-19. Le milieu hospitalier-universaitaire ne ressort pas grandi de cette crise. 
 
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