Immobilier : courtiers et agents immobiliers s'inquiètent, les banques ne prêtent plus

Malgré une région attractive pour le marché immobilier, les courtiers et agents immobiliers des Hauts-de-France ont du mal à rassurer leurs clients. Vont-ils obtenir un prêt pour concrétiser le rêve d'une vie, devenir propriétaire ? On vous explique tout.

La région des Hauts-de-France attire de plus en plus d'acheteurs et pour la seule année 2021, plus de 87000 logements ont été vendus. Une légère hausse par rapport à 2020, année durant laquelle on enregistrait 84667 transactions immobilières.

Le département du Nord reste en tête du classement des ventes de logements aux particuliers, avec Lille et Tourcoing. tout juste derrière, arrivent ceux de l'Oise et de l'Aisne, avec des progressions importantes du fait de leur proximité avec la région parisienne. 

Sur l'ensemble des Hauts-de France, le Pas-de-Calais voit ses ventes immobilières baisser un peu, tout comme la Somme, sauf Amiens qui tire son épingle du jeu. en effet la capitale Picarde attire de plus en plus d'investisseurs dans l'immobilier. 

L'arbre qui cache la forêt ? 

Malgré ses bonnes nouvelles, le milieu de l'immobilier commence à s'inquiéter du rôle des banques en cette période d'inflation. Depuis quelques mois, pour les particuliers, obtenir un prêt immobilier de la part d'une banque, c'est souvent le parcours du combattant.

Certains agents immobiliers ont parfois du mal à trouver les mots quand un client ne peut réaliser son rêve de devenir propriétaire. Même avec un dossier de prêt solide et un apport, les banques ont du mal à prêter. C'est ce que constate Jérôme Rheims, gérant d'un réseau d'agents mandataires immobilier à Villeneuve d'Ascq.

"Depuis quelques mois, je constate que certains de mes clients ont du mal à trouver des financements pour acquérir un bien immobilier. Du coup ils multiplient les dossiers de demandes de prêt pour avoir un peu plus de chance d'en obtenir un, mais parfois c'est compliqué.

Alors nous essayons de trouver des solutions avec des propriétaires, plutôt compréhensifs et parfois nous allongeons les délais du compromis de vente de deux, trois ou même quatre mois. Cela permet à l'acquéreur d'avoir plus de temps pour trouver des financements.", ajoute Jérôme Rheims.

Pour l'instant l'agent immobilier de Villeneuve d'Ascq, continue à vendre des biens et à signer des compromis, mais il sait que la situation se dégrade peu à peu. Certains clients reportent même leur demande de prêt après mars 2023,en espérant une amélioration du marché bancaire. 

Mais pour lui, les banques ne jouent pas leur rôle. 

"Une banque, c'est fait pour prêter de l'argent"

Jérôme Rheims, Gérant de Happy-Immo

Les Banques refusent de jouer le jeu

Dans ce contexte ou le taux d'usure actuel est bas, les banques rechignent à prêter et certaines refusent carrément les dossiers déposés par les coutiers ou trainent les pieds pour les accepter.

Une situation qui complique le travail de toute la filière immobilière et qui plonge les futures propriétaires dans le désarroi. 

En juin 2022 le Crédit du Nord, la société Générale et le crédit agricole décidaient de ne plus octroyer de prêts immobiliers et de ne plus prendre de dossiers de courtiers.

Du coté des courtiers, le malaise est palpable, ils ont parfois du mal à pousser la porte d'une banque sachant qu'ils vont essuyer une fin de non recevoir. Alors ils s'organisent comme à la CAFPI de Lille, un poids lourd du courtage en France. 

Hervé Duchet, son directeur n'y va pas par quatre chemins, il dénonce l'attitude irresponsable de certaines banques.

Le parcours du combattant

Il est vrai que les courtiers se plaignent de l'attitude des banques, mais aussi les notaires qui voient moins de transactions passer. Pour être très clair, aujourd'hui, les banques ne prêtent plus à cause du taux d'usure très bas, mais pas seulement.

Pour que les banques financent un prêt immobilier, il faut qu'elles fassent des concessions et qu'elles aient un retour sur investissement client assez rapide. En résumé, si une banque achète à 2% elle doit se refinancer à 3%. Et pour le moment et vu le contexte, elle préfèrera dire "je ne vais pas y aller, ça va me faire perde trop d'argent." Ces banques préfèrent  laisser courir un peu l'économie, au risque de faire moins de prêts immobilier ou pas du tout, parce que ça leur coûte cher." explique Hervé Duchet. 

Le courtier Lillois, n'a pas que cette explication et indique que certaines banques font un peu plus d'efforts pour financer les clients mais avec des critères de sélection plus drastique. Et d'après lui, cela inquiète fortement les clients. Il explique pourquoi.

"Il y a une typologie de clients pour lesquels ça devient plus difficile parce qu'il y a des restrictions de certaines banques à cause du retour sur investissement.

Désolé de le dire, mais je vais jouer franc-jeu avec vous. Parfois il y a une certaine discrimination qui n'est pas directe mais si les clients n'ont pas suffisamment de revenus, la banque prêtera plus cher, parce que son retour sur investissement sera trop long. ", termine le Courtier en prêts immobilier.

Pour le Courtier de la CAFPI de Lille, les clients difficiles pour les banques, ce sont ceux qui ne peuvent pas avoir les meilleurs conditions de taux et qui vont atteindre très rapidement le taux d'usure. Ensuite il existe une autre catégorie de population, plus aisée du fait de carrières professionnelles plus avancées et avec des revenus plus attractifs mais avec des coûts d'assurances plus élevés au moment du prêt bancaire. Et là encore, on risque d'arriver rapidement à ce fameux taux d'usure.

Le taux d'usure remonte

Le Taux d'usure correspond au taux d'intérêt maximum légal que les établissements bancaires sont autorisés à pratiquer lorsqu'ils accordent un prêt. Ce taux d'usure vise à protéger les emprunteurs, selon la Banque de France. 

Depuis début février la banque de France a relevé le taux d'usure mensuel mais est-ce la fin des blocages pour les crédits immobilier ?

En tous les cas, pour les courtiers il était temps d'agir. les chiffres de production de crédits que vient de publier le Banque de France témoignent de l'effondrement des emprunts l'an dernier. 14 milliards d'euros d'emprunts accordé en janvier. C'est 40% de moins qu'il y a un an, un niveau jamais atteint depuis 2016.

Pour Florent Cabesos gérant d'Empruntis, société de courtage immobilier à Mouveaux et Villeneuve d'Ascq, la hausse du taux d'usure est une bonne nouvelle, mais pour lui, les banques ne sont pas responsables des blocages. Il pointe du doigt, l'inaction du gouvernement durant ces derniers mois. Il explique pourquoi.

" Il faut savoir que sans les prêts immobiliers, les banques ne captent pas de nouveaux clients et depuis le début de cette crise, des milliers de clients ont quitté leur banque faute d'avoir pu obtenir un prêt.

Les banques se sont retrouvées dans une situation très compliquée, car elles devaient acheter de l'argent plus cher pour le revendre moins cher. Aucune banque ne fait ça et c'est pour cela que nous attendions le relèvement du taux d'usure avec impatience. Tout ça est de la faute du gouvernement qui n'avait pas pris la mesure de la crise qui se profilait l'an dernier.", ajoute Florent Cabesos.

Le courtier en prêts immobiliers se veut rassurant, d'après les indicateurs macro-économiques,  la situation devrait s'améliorer avant l'été. Encore un peu de patience donc, avant de vous lancer dans une demande de prêt immobilier.  

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