Vendre son logement comme un simple objet mobilier et surtout aussi vite, c'est possible. On appelle cela l'immobilier instantané. Venu d'outre-atlantique, comment ce modèle marche-t-il ? Comment s'intègre-t-il sur le marché lillois où deux jeunes nordistes l'ont mis en place depuis un an ?
"Là où les agences immobilières prennent 5% du prix de vente on prend 7% !". A en croire Rémy Fabre, l'un des deux associés de Zefir, tous les inconvénients de l'immobilier instantané pour le vendeur sont là.
Exemple, pour un particulier qui a un bien à 100 000 euros. Au lieu de passer par une agence immobilière traditionnelle qui lui prendrait 5 000 euros sur la vente, là, Zefir ne va laisser que 93 000 euros au vendeur. En contre-partie, et à l'avantage du vendeur, le process client dépote : "dès qu'un vendeur potentiel nous a contactés via notre site internet, nous répondons rapidement avec une estimation (en général avec 10% de marge d'erreur) avant qu'un diagnostiqueur passe voir le bien. Le diagnostiqueur passe en revue 80 points de contrôle et 48 heures après nous faisons une offre ajustée et ferme"
"5 jours ouvrés pour un compromis"
Et Zefir achète vite. Très vite. Si bien qu'un compromis de vente pour un particulier peut se signer "au bout de 5 jours ouvrés", "sans aucun droit de rétractation de notre part" précise Rémy. Pour l'instant, sur cinquante logements achetés sur la métropole lilloise en un an, "nous ne nous sommes pas trompés, nous en avons revendus 30, nous en avons encore 20 en portefeuille mais nos estimations sont bonnes : nous sommes à -0,3%. C'est-à-dire que les 30 biens achetés et revendus l'ont été sans marge, ni perte ou avec une perte infime pour le moment (-0,3%)".
Un modèle américain
Emmanuel Chambat, président de la chambre Nord de la Fédération nationale des agents immobiliers, FNAIM, estime qu'il n'y pas de raison d'avoir peur de l'arrivée sur le marché de ce nouveau procédé. "Ils cumulent deux choses agents immobiliers et marchands de biens et leur idée est de fluidifier le marché grâce à la data. Maintenant, nous verrons si ce modèle d'immobilier instantané américain ou britannique s'importe bien avec le droit de préemption et le droit de mutation français. Aux USA, ces droits peuvent représenter 1 000 $ sur un bien à 300 000 $. En France, on est plutôt à 5 à 7% de droits de mutation. Maintenant, nous verrons si les clients sont prêts à payer plus cher un service différent, peut-être plus rapide pour la signature d'un compromis, mais ensuite il y a des délais incompressibles !"
Rémy Fabre, expert financier en immobilier, originaire de Saint-André-lez-Lille et Louis Lambert, fils de notaire, originaire de Verlinghem sont les créateurs de Zefir. À 21 ans, ils investissaient dans la crypto-monnaie et faisaient un retour sur investissement d’un million d'euros alors qu'ils étaient étudiants. C’est en juillet 2020 qu’ils se lancent dans l'immobilier instantané. Leur société, dont le siège est à Paris, compte aujourd'hui 15 collaborateurs, 50 ventes et 10 millions d'euros de volume de transaction et vient d'effectuer une levée de fonds de 4 millions d'euros auprès d'investisseurs.
Pour le moment Zefir ne travaille que sur la métropole lilloise pour des biens compris entre 50 000 et 750 000 euros. Quelque 500 demandes d'offres par mois lui sont formulées sur la métropole lilloise, soit un tiers du volume global de transactions réalisées chaque mois sur le même périmètre. Il y a une forte proportion de propriétaires curieux qui ne passeront pas par Zefir, mais elle reste minoritaire. D'autres métropoles françaises sont actuellement en cours de repérage par les deux jeunes entrepreneurs.