Des incidents ont marqué vendredi une manifestation d'environ trois cents "gilets jaunes" belges à Bruxelles, le premier rassemblement organisé dans la capitale belge par le mouvement de protestation.
Vers 13h30, après environ trois heures de défilé, la police a dû faire usage de canons à eau pour disperser des manifestants qui lançaient des projectiles. Au total une soixantaine de personnes ont été interpellées parce qu'elles transportaient des objets interdits, notamment des cutters, des fumigènes ou des bombes lacrymogènes, a indiqué une porte-parole de la police. Deux véhicules de police ont également été incendiés en pleine rue en début d'après-midi.
Les premières arrestations et saisies d'objets ont eu lieu dès la matinée, au moment où des petits groupes convergeaient vers le principal point de rassemblement. La manifestation a commencé vers environ 10h30 au carrefour Arts-Loi, non loin des institutions européennes et des bureaux du Premier ministre, où la police a rapidement recensé une centaine de "gilets jaunes".
Le cortège a ensuite progressivement grossi, parcourant les rues du centre en tentant à plusieurs reprises de se rapprocher des bâtiments officiels défendus par des cordons de police. "Le peuple c'est nous, Charles Michel, t'es fini", scandaient certains manifestants à l'adresse du Premier ministre libéral.
Les manifestants sont revenus vers 13h30 non loin du carrefour de départ et c'est à ce moment que les échauffourées ont éclaté. Dans l'après-midi, alors que des groupes de manifestants continuaient de faire face à la police dans un climat tendu, un journaliste de la plate-forme vidéo française Brut a été brièvement interpellé. "Il filmait des policiers qui avaient encerclé les manifestants (...). Ils lui ont pris sa carte de presse, lui ont lié les poignets et l'ont fait s'asseoir pendant environ une demi-heure", a raconté Laurent Lucas, directeur éditorial de Brut. "Ce n'est pas normal (...). C'est le zèle de policiers dans une situation un peu tendue", a-t-il poursuivi.
REPLAY - #GiletsJaunes : Les gilets jaunes belges se mobilisent à Bruxelles proche des lieux de pouvoir. Les dernières infos avec Rémy Buisine sur place.
Publiée par Brut sur Vendredi 30 novembre 2018
Le Premier ministre Charles Michel, et le ministre de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, ont dénoncé sur Twitter les violences à l'égard de la police, imputées à des "casseurs". "Pas d'impunité pour les violences inadmissibles à Bruxelles. Les casseurs et les pilleurs devront être sanctionnés", a tweeté Charles Michel.
Tout mon soutien aux forces de l’ordre qui assurent notre sécurité et garantissent nos libertés. Pas d'impunité pour les violences inadmissibles à #Bruxelles. Les casseurs et les pilleurs devront être sanctionnés.
— Charles Michel (@CharlesMichel) 30 novembre 2018
En fin d'après-midi le calme était revenu au pied des institutions européennes, où les forces de l'ordre étaient déployées en nombre. Interrogé par la chaîne francophone RTBF, le bourgmestre (maire) de Bruxelles Philippe Close a prévenu un peu plus tôt que toute personne continuant à manifester serait arrêtée.
Lancé il y a deux semaines en France pour protester contre la hausse de la fiscalité sur les carburants, le mouvement des "gilets jaunes" avait essaimé en Wallonie, mais pas encore en Flandre, ni dans la capitale.
Il s'agit de la première manifestation appelée à Bruxelles, via les réseaux sociaux, sans meneur revendiqué. Lundi, un YouTubeur belge, Gary Ducran, avait décidé d'annuler un rassemblement autorisé par la ville pour vendredi. Il avait invoqué "un cahier des charges trop important" imposé par la police, et un service d'ordre selon lui impossible à constituer comme demandé.
En Wallonie, les "gilets jaunes" ont plusieurs fois été débordés par des casseurs la semaine dernière et la police a procédé à des arrestations par dizaines.