A Turin, la justice italienne a condamné la société Eternit. Les victimes de la région retrouvent espoir.
C'est une sentence historique : 16 ans de prison pour les deux dirigeants de la société Eternit, reconnue responsable par la justice italienne d'une "catastrophe sanitaire et environnementale permanente".
Le tribunal de Turin confirme ainsi l'accusation qui était portée par les plaignants : la non mise en place de mesures nécessaires pour protéger les ouvriers des poussières cancérigènes de l'amiante.
Des centaines de victimes et leurs proches - dont les veuves de Dun kerque- avaient fait le déplacement pour suivre l'audience. "C'est une grande satisfaction, une décision historique pour tous car on produit encore de l'amiante dans le monde", a confié Piera Barbonaglia, 67 ans, à l'AFP. Son mari est mort il y a 10 ans d'un cancer de la plèvre à Casale Monferrato, la ville italienne la plus touchée par le drame de l'amiante.
Les avocats des accusés ont déjà annoncé qu'ils feront appel du jugement, une procédure qui peut durer plusieurs années. Ensuite, ils pourront encore aller en cassation, ce qui repoussera encore un jugement définitif.
L'avocat français Jean-Paul Teissonnière entend demander aux "autorités judiciaires
en France d'en tirer les conséquences: pourquoi ce qui est possible en Italie n'est
pas possible en France ?".
L'Association française des victimes de l'amiante (Andeva) a dénoncé le contraste
"insupportable" entre la situation en France et en Italie. Alors qu'en Italie, "la justice a été rendue", "le procès des responsables n'a même pas commencé" dans l'Hexagone, a-t-elle noté. Quinze ans après les premières plaintes en France, "une catastrophe sanitaire qui fera plus de 100.000 morts n'a toujours ni responsable ni coupable", a déploré l'association.
Près de Valenciennes, à Thiant, le comité amiante a réagi à cette condamnation. Les victimes retrouvent un peu d'espoir alors que la procédure engagée en France contre la société Eternit piétine. Le Nord Pas-de-Calais est la région la plus touchée de France.
Le reportage de Caroline Arnold et Vincent Dupire.
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