Philippe Crivelli, 52 ans, souffre d'angoisses et de cauchemars et ne supporte pas d'être un "malade en sursis".
Le tribunal des référés de Paris devrait statuer le 4 juin sur la première étape d'une assignation d'EDF pour "préjudice d'anxiété" d'un ancien employé de maintenance dans les réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), a indiqué lundi son avocat.
Yves Asernal, Antoine Morvan
Me Emmanuel Ludot a plaidé lundi devant ce tribunal pour demander une expertise psychologique de son client, Philippe Crivelli, 52 ans. Si cette demande devait être acceptée, il appartiendra ensuite au TGI de Paris de se prononcer sur ce cas, a-t-il précisé.
M. Crivelli, qui appartenait à une société sous-traitante d'EDF, souffre d'angoisses et de cauchemars, selon Me Ludot. "Il y a des années que j'y pense, avec les doses qu'on a pris. Qu'est-ce qu'elles ont détruit sur nous ? Si à l'époque on m'avait dit, attention, il peut y avoirdes risques que vous développiez vingt fois plus de cancers que quelqu'un d'autre (..), j'aurais dit : "Monsieur je n'y vais pas !". J'essaie de ne pas y penser, mais ça revient (..). Je suis un malade en sursis", a déclaré M. Crivelli à la radio RTL.
M. Crivelli travaillait entre 1986 et 1989 pour une société sous-traitante d'EDF. Mais Me Ludot a choisi d'assigner la société publique car, selon lui, c'est elle "qui se réfugiait derrière la législation de l'époque alors qu'elle connaissait la dangerosité de cette activité".
Selon lui, les doses de radioactivité reçues étaient dangereuses, selon les nouvelles normes européennes désormais applicables en France. A l'époque, EDF tenait compte des moyennes journalières alors qu'on retient désormais les pics (doses maximales) reçues à un certain moment.
M. Crivelli a gardé son carnet de radioactivité qui prouverait l'ampleur des doses reçues. Le préjudice d'anxiété a déjà été reconnu pour certains travailleurs de l'amiante.