Battue, elle tue son mari : son procès à Douai

Y a-t-il légitime défense ? La question est épineuse puisque l'accusée a modifié la scène de crime.

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Le procès d'une femme battue de 32 ans, accusée d'avoir tué son mari en 2009 à Douai alors que celui-ci tentait de l'étrangler, s'est ouvert mercredi devant la cour d'assises du Nord.

Alexandra Lange comparaît libre pour le meurtre de son époux, tué d'un coup de couteau à la gorge, lors d'une dispute conjugale à leur domicile à Douai, dans la nuit du 18 au 19 juin 2009. 

Son père, Marc Lange, 56 ans, est jugé à ses côtés, accusé comme elle d'avoir modifié la scène de crime. La nuit des faits, la jeune femme avait appelé son père en sanglots et attendu l'arrivée de celui-ci à son domicile avant de contacter les secours.

Modification de la scène de crime
Deux couteaux avaient été retrouvés sur la scène de crime : un premier sans trace de sang près du corps de la victime, un autre recouvert de sang sur la table de la cuisine. 

Dans un premier temps, Alexandra Lange avait déclaré avoir attrapé un couteau alors que son mari la menaçait avec un autre et tentait de l'étrangler. Elle s'était ensuite rétractée, affirmant que son père avait placé un second couteau près du corps du mari, pour faire croire que la jeune femme avait agi par légitime défense.

Décrit par plusieurs personnes de son entourage comme très violent et alcoolique, le mari battait régulièrement sa femme et les quatre enfants qu'il a eus avec elle, sous l'emprise de l'alcool, selon son fils né d'un premier mariage.

Alexandra Lange "a vécu un calvaire durant toutes (les) années" de son mariage, avait déclaré l'une de ses avocates, Me Janine Bonaggiunta, mettant en avant "un contexte de violences physiques" et de "menaces de mort permanentes". 

La jeune femme, qui reconnaît les faits, a été incarcérée jusqu'en novembre 2010 puis placée sous contrôle judiciaire. Elle encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.

Le reportage de Jean-Louis Mannand et Jean-Marc Vasco