Les acquittés dans l'affaire d'Outreau sont poursuivis cette fois pour des faits de corruption de mineurs.
Le procès des époux Lavier, acquittés dans l'affaire d'Outreau en 2005, et poursuivis cette fois pour des faits de corruption de mineurs, s'est ouvert jeudi au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
Sandrine et Frank Lavier, 34 et 33 ans, sont arrivés au tribunal, visages fermés, vers 8H30, accompagnés de leurs avocats.
"Leur sentiment aujourd'hui c'est qu'ils veulent qu'on leur fiche la paix, ce lieu est un lieu de très mauvais souvenirs pour eux, ils veulent qu'on arrête les investigations, qu'on arrête de les séparer de leurs enfants. Les faits sont infondés, il n'y a aucune corruption de mineurs", a déclaré l'avocat de Sandrine Lavier, Me Philippe Lescène.
Les époux Lavier, qui comparaissent avec quatre de leurs proches, sont accusés de "corruption de mineurs" et de "violences habituelles sur mineurs", chefs pour lesquels ils encourent jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende.
Ce procès d'une journée, fait suite à des plaintes formulées au début de l'année 2011 par deux des cinq enfants du couple, un garçon et une fille de 10 et 11 ans, qui avaient dénoncé des maltraitances sans caractère sexuel, après avoir fugué.
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Plusieurs vidéos prises lors de soirées arrosées, et mettant en scène des adultes plus ou moins dénudés qui simuleraient des actes sexuels en présence d'enfants, avait ensuite été saisies lors des perquisitions au domicile des Lavier et de certains de leurs proches.
Pour la défense, "il s'agit de quelques soirées légères, certainement pas d'actes de corruption de mineurs".
"Toute cette affaire relève tout au plus d'une question de morale. Mais le droit et la morale sont deux choses distinctes. Si ce n'était pas les Lavier, il n'y aurait pas eu de procédure", soulignait Me Lescène, quelques jours avant l'ouverture du procès.
Une première audience, qui s'était déroulée le 7 juillet, avait aussitôt été reportée. Les avocats de la défense avaient invoqué une Question prioritaire de constitutionalité (QPC), évoquant la nullité de certaines pièces du dossier, dont la première garde à vue du couple en mars qui avait eu lieu sans la présence d'un avocat, comme le prévoit la réforme de la garde à vue.
Mais la transmission de cette QPC au Conseil constitutionnel a finalement été rejetée par la Cour de cassation.
Après trois ans de détention provisoire, Franck et Sandrine Lavier avaient été condamnés en juillet 2004 par la cour d'assises du Pas-de-Calais à respectivement six ans de prison pour viol et agressions sexuelles et trois ans pour corruption de mineurs. Tous deux avaient été acquittés en appel en décembre 2005.
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