Selon plusieurs journaux, Dominique Strauss-Kahn pourrait avoir à répondre bientôt de faits de viol.
La scène se passe à Washington, dans l'hôtel W. Une escort-girl raconte sa soirée avec Dominique Strauss-Kahn, le 16 décembre 2010 : "Il a utilisé la force, c'est-à-dire qu'il me tirait les cheveux, il m'a fait mal. Je pèse 50 kilos, lui est plus lourd. (...) DSK aurait ensuite essayé de la sodomiser : "J'ai refusé en lui disant non, je ne veux pas. J'ai essayé de me dégager mais c'était compliqué car il était sur moi et il est très lourd. (...) Certes, je n'ai pas hurlé mais j'ai dit clairement que je ne voulais pas, à plusieurs reprises, à haute voix."
A partir de ce témoignage recueilli par les policiers belges en décembre dernier, les juges d'instruction en charge de l'affaire Carlton ont décidé, selon Libération, de saisir le Parquet pour obtenir un réquisitoire supplétif pour viol en réunion.
Pour l'instant, cette qualification ne fait pas partie de leur enquête. Jusqu'à maintenant, on ne parlait dans cette affaire que de faits de proxénétisme, abus de biens sociaux, escroquerie et blanchiment. DSK n'a donc jamais été entendu précisément sur ce témoignage. Les autres personnes présentes à l'hôtel ce soir-là, David Roquet, Fabrice Paszkowski et Jean-Christophe Lagarde non plus.
C'est le Parquet de Lille qui doit se prononcer sur cette demande. "Le parquet de Lille a été saisi le 29 mars par les juges d'instruction en charge de l'affaire du Carlton d'une ordonnance de soit-communiqué à toutes fins utiles, pour des faits de viol en réunion", a déclaré une porte-parole du parquet de Lille. Cette ordonnance pourrait déclencher soit un classement sans suite, soit l'ouverture d'une enquête préliminaire, au terme de laquelle un réquisitoire supplétif pourrait éventuellement être délivré, a indiqué une source judiciaire.
Une autre escort-girl était présente ce soir-là. Elle a un peu relativisé le récit de son amie. Libération cite son témoignage aux policiers : "Je ne l'ai pas entendu dire non, si elle ne voulait pas et si elle avait crié, je l'aurais entendue et serais intervenue."
Les policiers auraient suggéré aux escort-girls de porter plainte. Mais elles ont refusé.
Avec leur demande de réquisitoire supplétif, les juges d'instruction entendent donc se saisir de ces témoignages et avoir la possibilité d'interroger les mis en examen.
Dominique Strauss-Kahn conteste avoir exercé la moindre violence sur des femmes et dénonce une "volonté de lynchage", ont indiqué vendredi ses avocats. DSK "conteste absolument avoir commis la moindre violence de quelque nature qu'elle soit", selon un communiqué de ses avocats parisiens, Mes Henri Leclerc, Frédérique Baulieu et Richard Malka, qui assurent que dans cette affaire "les déclarations faites par les jeunes femmes sont contradictoires".
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