Le député du Nord a multiplié, ces dernières années, les propos polémiques sur l'homosexualité.
Le député du Nord, Christian Vanneste, en passe d'être exclu de l'UMP pour ses propos sur la déportation d'homosexuels français, est un habitué des déclarations polémiques sur l'homosexualité, qui lui ont d'ailleurs valu d'avoir maille à partir avec la justice.
"C'est le dérapage de trop. Personne ne savait comment s'en débarrasser, on espérait même qu'il ne se représenterait pas aux législatives en juin mais là, on ne peut pas faire comme si de rien n'était. Sarkozy peut dire "Merci Vanneste!".
Le jour de sa déclaration de candidature...", peste un élu UMP.
Reportage d'Hélène Tonneillier et Jean-Pascal Crinon
Propos recueillis ce mercredi 15 février 2012 matin par Hélène Tonneillier et Jean-Pascal Crinon
Les précédentes déclarations de Christian Vanneste
Avril 2004 sur TF1 : "L'homosexualité est un comportement culturel, acquis, de l'ordre du réflexe […], mais comme tous les comportements réflexes plutôt négatifs, on peut parfaitement l'inhiber ou le rééduquer".
Février 2005 à "La voix du Nord" : "L'homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité […]. Je n’ai pas dit que l’homosexualité était dangereuse. J’ai dit qu’elle était inférieure à l'hétérosexualité".
Avril 2010 sur son blog : "l'opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité n'est pas fondée en raison des tendances éphébophiles assez fréquentes dans l'histoire qui ignorent la frontière juridique de l'âge".
Juin 2011 : dans les couloirs de l'Assemblée, "Le mariage homosexuel est une aberration anthropologique".
A 64 ans, cet ancien professeur de philosophie, fan de jazz à l'esprit vif, bon orateur, bien implanté dans sa région de Tourcoing, entretient des rapports glaciaux avec le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, qui réclamera la semaine prochaine son exclusion du parti majoritaire en bureau politique.
Condamné en appel en 2007 à 3.000 euros d'amende pour injure envers les homosexuels - jugement annulé en cassation en novembre 2008 - M. Vanneste devient encombrant dans son camp, au point que Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'Elysée, lui refuse l'investiture UMP, ne souhaitant "ni de près, ni de loin être associé à des propos homophobes".
Ce qui n'empêche pas M. Vanneste d'être réélu quelques mois plus tard, sans adversaire UMP face à lui et d'être aussitôt réintégré au sein du groupe UMP. Et d'obtenir, un an plus tard mais sans succès, l'investiture UMP aux municipales à Tourcoing, sa ville natale.
Alors membre de la direction du parti, Dominique Paillé salue alors ses "qualités d'homme" et sa "clairvoyance".
Mais régulièrement, M. Vanneste a droit à "une pluie de critiques" à l'UMP, comme il le déplore lui-même, pour des propos jugés outranciers. Mercredi, l'ancien ministre Rama Yade confie que c'est le refus de côtoyer M. Vanneste à l'UMP qui l'a conduite à quitter le mouvement pour le Parti radical.
En octobre 2010, M. Vanneste provoque un tollé en prônant une "droite large", regroupant le centre, l'UMP mais aussi le Front national (FN) à condition qu'il "renonce" à certaines positions. "Pourquoi ne ferait-on pas comme en Italie où la droite s'est alliée avec le parti issu de l'extrême droite de Gianfranco Fini?".
"Je pense que M. Vanneste fera peut-être partie des gens qui nous rejoindront", lance alors avec gourmandise Bruno Gollnisch (FN).
Jean-Vincent Placé, sénateur Europe Ecologie-Les Verts de l'Essonne et ancien numéro deux des Verts, a été condamné, vendredi 10 février, pour avoir diffamé Christian Vanneste. Commentant la remarque du député du Nord, il avait déclaré : "Ce type est infâme, voilà la réalité, il est connu pour ses propos homophobes, racistes, voire antisémites. (...) C'est lamentable." Mais l'écologiste a été condamné pour avoir dit "antisémite" et "raciste", pas "homophobe".
Localement, Christian Vanneste avait pourtant parfois contribué à dépassionner certains débats à portée nationale, comme la polémique entourant la mise en place par la chaîne de restauration rapide Quick de produits 100% halal dans certains de ses restaurants, dont celui de Roubaix (Nord), estimant en février 2010 qu'elle avait une "importance voisine de zéro".
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