Vu les résultats de M. Le Pen, le FN compte obtenir un groupe parlementaire. Mais attention aux projections précipitées.
Le résultat de Marine Le Pen à l'élection présidentielle n'a pas d'influence seulement sur le second tour de ce scrutin. Il en a aussi sur la perspective des élections législatives qui se dérouleront les 10 et 17 juin prochains.
Mathématiquement, le Front National serait en passe e s'imposer dans des duels ou des triangulaires de second tour dans des dizaines, voire des centaines, de circonscriptions. Et plus particulièrement dans le Nord-Pas-de-Calais.
La candidate de l'extrême-droite est arrivée en tête dans 2 circonscriptions de la région :
- La 20e du Nord : 28.03%.
- La 11e du Pas-de-Calais (où Marine Le Pen se présentera en juin) : 31.42%.
Elle est arrivée 2e dans 15 autres :
- Dans le Nord : 3e, 8e, 12e, 13e, 16e, 17e, 18e et 19e circonscriptions.
- Dans le Pas-de-Calais : 1ère, 3e, 6e, 7e, 8e, 10e et 12e circonscriptions.
A ce jour, le parti de Marine Le Pen semble en mesure d'imposer des triangulaires aux prochaines législatives ainsi que quelques duels avec la gauche.
Mais ce serait une erreur de considérer que le Front National est destiné à se porter au second tour de ces 17 circonscriptions. En 2002 déjà, la même projection avait été faite, sur la base de la performance de Jean-Marie Le Pen un certain 21 avril... mais le Front National n'avait finalement imposé qu'une seule triangulaire dans toute la France.
Un scénario presque similaire est envisageable cette année, pour au moins deux raisons :
- Le scrutin majoritaire à deux tours n'est pas favorable à l'extrême-droite, qui se trouve souvent confronté à des alliances républicaines au second tour.
- Les candidats frontistes locaux n'ont pas la même image que le candidat national. Les électeurs captés par le FN aux présidentielles sont souvent nombreux à revenir vers des partis de gouvernement aux autres scrutins.
Il n'en demeure pas moins que le Front national version Marine Le Pen a réalisé un score historique à cette présidentielle 2012 (17.9%) et a opéré une transformation idéologique, du moins dans le discours, qui pourrait porter des fruits aux législatives. Le numéro 2 du parti, Louis Alliot, a d'ailleurs fixé l'objectif : obtenir "si possible un groupe parlementaire", c'est-à-dire 15 élus dans le pays.
Et cette fois, pour tenter de profiter de l'image et de la dynamique de Marine Le Pen, les candidats frontistes se présenteront sous une bannière commune, sans flame tricolore : le "Rassemblement bleu Marine". Les nouveaux électeurs du Front National (ceux qui ont fait sa progression par rapport à au vote FN de 2002) étant essentiellement des sarkozystes de 2007 déçus, on doute que les candidats UMP, qui auront fort besoin de cet électorat, s'identifient au prénom Nicolas.