J.P Chruszez, ancien élu d'Hénin-Beaumont, donne dans un livre sa version de l'affaire Dalongeville et du PS 62.
Il se présente comme le "déclencheur", celui qui aurait "dénoncé les agissements du maire d'Hénin-Beaumont Gérard Dalongeville". Jean-Pierre Chruszez était alors élu de la ville, président du groupe majoritaire entre 2007 et 2009. Aujourd'hui, il est fonctionnaire à la communauté d'agglomération d'Hénin-Carvin, proche de nombreux élus socialistes du Pas de Calais.
Il sort ce mercredi un livre "Le joker rose", une réponse à "Rose mafia", le livre de Gérard Dalongeville qui a obtenu un gros succès. Pour lui, la version racontée par l'ex-maire d'Hénin-Beaumont est fausse. Les malversations présumées de Gérard Dalongeville étaient, selon lui, une façon de s'enrichir personnellement et non de financer le PS. Il décrit l'ancien maire d'Hénin-Beaumont comme un menteur, manipulateur. Il parle "d'un système mafieux au service d'un seul homme."
"Les plus téméraires osaient parfois faire part à demi-mots de leurs étonnements face à des dépenses somptuaires, secrètes et chiffonnant visiblement le nez. Comme cette commande de 3 889,60 euros pour un câble électrique de quelques mètres à peine, intitulée vaguement « matériel pour les quatre jours de Dunkerque » et dont le bon de commande était indiscutablement un faux, imitant la signature de l’adjoint concerné. Qui restera néanmoins impassible, sans doute accoutumé à ce type de pratique !"
"Les fonds publics détournés à la mairie n’ont pas pour destination les caisses du Parti socialiste, mais celles de porte monnaies aux intérêts bien privés et personnels ! "
"Doté de son talent de comédien, notre machiavélique bourgmestre avait une capacité à réfuter la réalité la plus évidente avec une sincérité des plus convaincante ! La liste des dossiers, affaires, jugements, etc., dissimulée constituerait à elle seule un ouvrage et un excellent sujet d’analyse pour un politologue averti."
(extraits de "Le joker rose")
Le Joker rose est donc une sorte d'anti Rose mafia de Gérard Dalongeville (Editions Jacob-Duvernet).
Qui a raison ? Gérard Dalongville, le "repenti" ou Jean-Pierre Chruszez, habitué aux arcanes du PS dans le Pas de Calais. La réponse est forcément complexe mais le sujet est d'actualité. Des enquêtes autour du financement du PS 62 sont désormais en cours.
Ces deux livres jettent en tout cas tous les deux à leur façon un regard cru sur certains agissements dans le Pas de Calais. Jean-Pierre Chruszez nous a par exemple expliqué au téléphone qu'il circulait toujours avec un pistolet de défense et une batte de baseball dans le coffre de sa voiture !
Est-il téléguidé par le PS pour répondre à Dalongeville ? Non, répond-il en précisant qu'il n'en est plus membre. Oui, affirme Gérard Dalongeville qui pense ce livre est "piloté" par le Parti Socialiste du Pas de Calais et Jean-Pierre Kucheida, maire de Liévin.
Jean-Pierre Chruszez concentre ses "attaques" sur Gérard Dalongeville mais précise que selon lui, certains élus, dans ce département, "se trompent souvent de poches" quand ils gèrent l'argent public et que le Parti socialiste "utilise ses collectivités pour faire du clientélisme".
Il écrit en conclusion de son livre : "Dans le Pas-de-Calais, chacun a conscience qu’un cycle semble s’achever avec une génération d’élus socialistes qui ont créé des "empires politiques" par un clientélisme institutionnel, certes critiquable. Des élus acteurs de l’épopée progressiste du socialisme communal, devenus de réels bâtisseurs de cités et des combattants farouches de la réduction des inégalités sociales et de l’égalité des chances. Mais, aussi, des aménageurs ayant parfois des difficultés à assumer dans la transparence la séparation indispensable des rôles entre intérêts partisans (ou personnels) et l’intérêt général. "
Le joker rose, Editions Praelego (12 euros) sort ce mercredi.