Premières réactions socialistes au livre "Rose Mafia" de l'ancien maire d'Hénin-Beaumont.
C'est une véritable bombe dont l'onde de choc n'a pas fini de se propager au sein de la fédération socialiste du Nord-Pas-de-Calais. La parution aujourd'hui du brûlot de Gérard Dalongeville. "Rose Mafia" dans lequel l'ancien maire d'Hénin Beaumont se livre à un véritable réglement de compte à l'intention de ses anciens amis.
Non sans difficulté, Jean-Louis Manand et Jean Marc Vasco ont pu rencontrer certains d'entre eux...
L'ancien maire socialiste d'Hénin-Beaumont Gérard Dalongeville, mis en examen dans une affaire de fausses factures en 2009, estime que ce n'est pas le livre où il dénonce le financement du PS du Pas-de-Calais qui va perturber la campagne de François Hollande, mais "les dossiers".
En décembre 2010, il a dénoncé dans des courriers à la juge d'instruction qui instruit son dossier, les méthodes de financement du parti, qui ont conduit, avec des rapports de la Chambre régionale de comptes, à l'ouverture d'enquêtes par la PJ.
Question: Vous avez dénoncé dans vos lettres à la juge les méthodes de financement du PS dans le Pas-de-Calais, vous décrivez dans votre livre (Rose Mafia, éditions Jacob-Duvernet) un "système", quelles raisons vous ont conduit à sortir du silence?
"L'accummulation. Tout reposait sur les épaules d'un seul homme, c'est assez lourd. J'ai fait huit mois de détention provisoire où effectivement j'ai gardé un silence complet sur les questions qui étaient posées sur le financement du PS, sur les liens qu'il pouvait y avoir entre les différents dossiers. C'est aussi un devoir de vérité, j'ai un devoir d'explication vis-à-vis de ma population à Hénin-Beaumont, vis-à-vis de l'opinion publique. Je souhaite que ce livre contribue à faire changer les choses."
Si l'affaire d'Hénin-Beaumont n'avait pas éclaté, pensez-vous que vous seriez
aujourd'hui encore impliqué dans le "système" que vous dénoncez ?
"Très certainement oui. C'est là qu'on retrouve ce critère mafieux. Parce qu'on
n'en sort pas, chacun se tient par les emplois de complaisance et souvent par l'enrichissement personnel. Moi, au niveau des investigations sur mon patrimoine, tout a été mené. Je n'ai pas de résidence secondaire, je n'ai pas de voiture luxueuse, je ne suis pas un client des casinos, je n'ai pas de comptes à l'étranger. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Je pense relater clairement combien il est difficile de sortir de ce système, dont je n'ai pas bénéficié de manière personnelle, mais professionnelle."
Votre livre sort le même jour que celui de François Hollande, en pleine campagne présidentielle...
"Ce n'est pas moi qui ai fixé le calendrier de la présidentielle et je n'étais
pas dans la confidence de la sortie du livre de François Hollande. C'est un hasard
de calendrier. Ce n'est pas un livre anti-Hollande, c'est un livre anti-système.
Il appartient aujourd'hui à Martine Aubry, qui est à la tête du Parti socialiste,
de prendre ses responsabilités. Elle les a déjà prises, cela montre bien que les
choses sont sérieuses, urgentes et importantes. Si ce que je disais n'avait aucune crédibilité, aucun sérieux, des circonscriptions n'auraient pas été gelées. Elle n'aurait pas décidé de mener une enquête interne sur les finances du Pas-de-Calais.
Sur la situation dans le bassin minier, François Hollande était parfaitement au
courant. Il y a eu du temps de perdu, il est temps d'agir, de prendre des décisions
pour écarter les personnes en responsabilité sur tous ces dossiers sensibles qui
vont empoisonner la campagne de François Hollande. Ce n'est pas mon livre qui va
perturber la campagne, ce sont les dossiers, qui vont sortir de toute façon.
Si François (Hollande) veut être le candidat du changement ça passe par (..) dire
+on arrête dans le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône+."
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