Sauf rebondissement, le groupe de casinos ne semble pas en mesure d'obtenir le naming du Grand Stade.
Partouche ne met pas assez d'argent sur la table et ne propose pas un nom qui correspond aux valeurs de la région. Voilà pourquoi, en substance, selon Pierre de Saintignon, vice-président de Lille Métropole Communauté Urbaine, en charge du dossier du naming, laisse entendre clairement que le Grand Stade ne s'appellera pas "Partouche Arena ou Partouche Stadium."
Voici ses propos exacts, dans cette interview accordée à Yann Fossurier et Bruno Espalieu :
Décryptage de ces 3 phrases :
1. Partouche dit avoir proposé 2,5 millions d'euros par an pour le naming du Grand Stade. Pierre de Saintignon affirme que la proposition reçue est plutôt à 2 millions. Et surtout il espère beaucoup plus. Sachant qu'il y a encore quelques mois, c'est le chiffre de 5 millions d'euros qui était avancé. Isidore Partouche affirme que les prétentions financières de LMCU sont trop élevées. Question : Pierre de Saintignon a-t-il vraiment eu une ou des propositions au tarif attendu ?
2. Un nom qui correspond à l'identité de la région. En clair, une marque adossée au nom du Grand Stade mais pas n'importe quelle marque. "Nous travaillons sur des noms qui restent proches des valeurs du sport et soient en harmonie avec celles de la région. Ce stade mérite un nom à la hauteur de ce qu’il est", avait indiqué en août Pierre de Saintignon.
Donc Partouche Arena ou Stadium : bof ! LMCU verrait bien un mot comme Europe dans le nom. Histoire de faire écho à Lille-Europe. Alors Partouche Europe Arena ? Non car...
3.Il faut aussi un nom qui correspond aux valeurs de la région. Une marque de casinos donnerait peut-être, selon LMCU, une image négative renvoyant à l'argent...
Selon nos informations, la piste "Carrefour de l'Europe" tiendrait la corde. Le groupe d'hypermarchés français s'est montré intéressé et doit encore valider le projet en interne. Le nom proposé correspond en tout cas aux 2 derniers critères (il a l'avantage de sembler plus neutre). La somme proposée aussi ? Difficile de savoir s'il existe également d'autres candidats et si leurs propositions répondent aux critères. En ces temps de crise, les entreprises ne se bousculent sans doute pas au portillon d'autant qu'elles doivent s'engager pour 10 ans !
"Si Partouche n'est pas retenu, on arrête tout"
Isidore Partouche sait sans doute que sa proposition ne plaît pas à LMCU. D'où sa sortie médiatique cette semaine dans l'Express : «Si on ne me donne pas une bonne raison expliquant pourquoi nous n'avons pas été retenus, le groupe Partouche arrêtera le mécénat du Losc dans très peu de temps : le maillot, la pub, tout».
Une menace réelle ? Pas sûr mais elle rend le dossier encore plus compliqué avec en toile de fond un vieux conflit entre la ville de Lille dont Pierre de Saintignon est 1er adjoint et Partouche.Isidore Partouche n'a pas apprécié que la mairie lui ait préféré en 2006 le groupe Barrière pour l'exploitation du casino de la ville.
Un dossier délicat
Ultime élément de complexité : Michel Seydoux, co-actionnaire du LOSC avec Partouche (qui détient 40% de SOCLE) détient une sorte de droit de veto sur le naming du stade notamment si le nom choisi porte atteinte à l'un des partenaires du club. Serait-on dans ce cas de figure si Partouche n'était pas retenu ? La question sera délicate pour la direction du LOSC qui n'a pas vraiment son mot à dire dans les négociations actuelles.
Pour l'instant, aucune date n'a été arrêtée pour l'annonce du choix. Vu la complexité du dossier, son caractère politique et délicat, on comprend que LMCU ait choisi de prendre son temps.
L’enjeu financier est aussi de taille. LMCU verse 10 millions par an au groupe Eiffage, constructeur du Grand Stade. Le naming du stade doit permettre d'adoucir la note pour le contribuable.
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