Jean-Pierre Toursel, Lensois de 67 ans, a filmé le chantier du musée durant des dizaines d'heures depuis 2008. Il nous partage ses images d'amateur devenu passionné de Louvre-Lens.
Jean-Pierre Toursel est né à Lens, il y a 67 ans. A proximité du site de l'actuel Louvre-Lens. C'est là aussi que son père est mort en 1955, à 33 ans, silicosé après huit ans passés à travailler dans la mine.
Aujourd'hui, Jean-Pierre Toursel habite toujours dans une rue qui longe le site du Louvre.
Depuis 2008, il visite et filme l'évolution du chantier, par temps de neige ou aux beaux jours. Des responsables du musée, avec lesquels il a été mis en contact par la maison du projet du Louvre Lens. Au total, la pose de la première pierre le 4 décembre 2009, il a recueilli des dizaines d'heures d'images sur une vingtaine de DVD.
Le site du Louvre Lens, avant travaux. En haut à droite, le stade Bollaert du RC Lens.
"Le Louvre, je l'ai vu semé puis se lever"
Quand vous avez su que le Louvre aller s'installer ici, quelle a été votre réaction ?
"J'ai saché min nez... J'ai fait la tête quoi...Le Louvre, au milieu des corons miniers, cela n'avait rien à voir !"
Pourquoi ?
"Ils allaient changer nos habitudes... Et c'est ce qu'ils ont fait d'ailleurs. Nous avions nos habitudes, nos lieux de rencontre, de promenade."
Vous regrettez-donc ?
"Oh non, j'ai appris à apprécier les musées. Le déclic, cela a été notre voyage organisé par la mairie au Louvre à Paris et au centre Pompidou. C'était une ouverture, je ne suis pas un spécialiste, je ne reconnaîs pas une copie d'un tableau original, mais j'apprécie, je m'intéresse maintenant. Ce n'est pas encore bien ancré en moi. Il faut du temps, mais ça vient au fur et à mesure".
Vous avez-filmé toute l'évolution du chantier ?
"Oui. Je l'ai vu semé puis se lever. Je n'ai qu'un regret : je n'ai pas pu filmer la pose de la première pierre avec Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture."
Comment envisagez-vous la suite, avec l'ouverture du musée ?
"Cela va faire venir du monde à Lens. J'espère. C'est une autre ouverture. J'apprécie l'idée que Lens soit ouverte à tous. C'est une chose qui n'existait pas avant. Les cités minières n'intéressent pas beaucoup. Là, le mixte des deux peut-être très intéressant. Et puis, c'est un avantage pour nous, le quartier va être rénové après l'ouverture."
En fin d'entretien, Jean-Pierre Toursel a tenu à préciser que finalement, le Louvre-Lens payait une partie de la dette qu'on devait aux mineurs, et à son père en particulier.