Selon le ministre délégué aux Transports, le dossier SeaFrance a été traité de "façon regrettable".
Le nouveau ministre délégué aux Transports et à l'Economie maritime, Frédéric Cuvillier, considère que le dossier de la compagnie maritime liquidée SeaFrance a été "traité de façon regrettable" par le précédent gouvernement et qu'il aura "des questions à poser".
"Le gouvernement de l'époque et les ministres concernés n'ont pas rempli leur mission" dans le dossier SeaFrance, a déclaré le maire de Boulogne-sur-Mer dans un entretien avec l'Agence France Presse.
La compagnie de ferries SeaFrance, filiale déficitaire de la SNCF qui employait 880 personnes en France, a été liquidée en janvier dernier. La SNCF avait proposé 500 postes destinés à reclasser une partie des ex-salariés de SeaFrance mais selon une source à la CFDT-cheminots une trentaine de ces postes seulement ont trouvé preneurs.
Interrogée, la SNCF a confirmé ce chiffre d'une trentaine de personnes reclassées dans la période de 15 jours entre la liquidation et l'envoi des lettres de licenciements. "C'est assez peu, mais le laps de temps pour effectuer ces reclassements était très court et par ailleurs nous n'avions pas 500 offres dans le bassin de Calais à proposer", a indiqué une porte-parole.
Les offres proposées par la SNCF, au titre de son obligation légale de reclassement dans le groupe, étaient en effet dispersées dans tout l'Hexagone. Pour Eric Tourneboeuf, responsable Unsa Transports, "des emplois loin du bassin d'origine et à des conditions salariales pas extraordinaires, ça n'intéresse pas beaucoup". "A part les jeunes récemment embauchés, les autres ont préféré toucher des indemnités de licenciement", a-t-il ajouté.
"Je n'ai pas pas encore vu M. Pepy (président de la SNCF, ndlr) mais quand on parle de reclassement, il faut qu'on reclasse", a déclaré M. Cuvillier. "On l'a un peu oublié mais la SNCF, et donc l'Etat, ont une responsabilité dans cette affaire", a-t-il insisté.
La SNCF a indiqué à l'AFP qu'elle était par ailleurs toujours engagée dans l'accompagnement des salariés licenciés et en recherche d'emploi. Une cellule "Emploi" a été mise sur pied en partenariat avec Pôle Emploi pour faciliter l'accès à des formations et des offres.
Thierry Nier de la CGT-cheminots confirme qu'il y a "beaucoup de dossiers encore en cours, mais les propositions de la SNCF impliquent souvent une mobilité, qui n'est pas toujours possible".
La SNCF a également signé début avril avec l'Etat, Réseau Ferré de France et la communauté d'agglomération du Calaisis une convention visant à soutenir la création d'emplois dans ce territoire. "Sur trois ans, la SNCF va investir 6,3 millions d'euros dans le cadre de cette convention", a indiqué une porte-parole de l'entreprise publique.
Ces fonds peuvent être débloqués pour des aides à l'entreprenariat ou pour compléter des financements de projets d'entreprises locales, a-t-on ajouté de même source. Au delà du reclassement des salariés, le ministre a regretté qu'une "entreprise publique qui représente le pavillon français ait été délaissée (...), que les ministres qui devaient être pleinement investis dans ce dossier aient joué le pourrissement". "C'est le signe d'une politique dans laquelle je ne m'inscris pas et dont je tiens à me démarquer radicalement", a ajouté le ministre.
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