Exclusif France 3. Pour Emmanuel Macron, "nos terres de Picardie sont les terres de la langue française"

Jeudi 17 juin, Emmanuel Macron s’est rendu en Picardie. Dans la Somme d’abord, à Poix-de-Picardie, le village de sa grand-mère enseignante Germaine Noguès, puis dans l’Aisne. Le but : faire de la lecture une grande cause nationale. Il nous a accordé une interview exclusive.

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"Ça m’émeut beaucoup de revenir sur mes terres", confie Emmanuel Macron au micro de France 3 Picardie. Le président est en plein exercice de poignées de main avec les habitants de Poix-de-Picardie. Il vient d’être interpellé par deux femmes. "Bonjour monsieur le président. On est très heureuse de vous accueillir en Picardie, lance l’une d’entre-elles. Je vous ai apporté une photo d’école. Regardez Françoise votre maman qui est là. Elle a 7 ans ». « Alors ça c’est vous. Et vous, vous êtes où ?", demande-t-il avec un brin d’émotion dans la voix.

Coup d’envoi de la lecture comme grande cause nationale

Pour le président, cette visite à Poix-de-Picardie a tout du symbole. "Je voulais lancer tout ce travail sur la lecture comme grande cause nationale dans cette journée. Pour moi le lien le plus direct, c’est évidemment ma famille et ma grand-mère qui était enseignante et qui m’a transmis ce goût. Et revenir sur mes terres où elle a enseigné pendant plus de deux décennies, où elle a accompagné beaucoup de jeunes, c’était la manière la plus naturelle de le faire", explique Emmanuel Macron.

Au-delà du symbole personnel, le président de la République relève le lien spécial entre la Picardie et la littérature. "Nos terres de Picardie, sont les terres de la langue française. Evidemment, La Fontaine ici [à Château-Thierry, NDLR], Racine, à quelques kilomètres. Nous serons tout à l’heure à Villers-Cotterêts qui est le lieu, l’épicentre de la langue française décidé par François 1er. Nos terres ont abrité tant d’écrivains. J’ai évidemment en mémoire Jules Verne à Amiens, mais Alexandre Dumas aussi à Villers-Cotterêts".

Combattre l’illettrisme

Et ce n’est pas un hasard si le président de la République a choisi les Hauts-de-France pour lancer cette campagne pour promouvoir la lecture. "Cette terre de littérature, d’écriture, de rapport amoureux à la langue française, fait aussi partie des terres de France qui aujourd’hui souffrent d’un mal qu’on a longtemps, presque caché par honte et parce qu’on le mesurait pas bien : l’illettrisme. Nous devons continuer de nous battre, c’est pour ça que nous avons réinvesti dans les petites classes à l’école en dédoublant les classes dans les quartiers les plus en difficulté, en ouvrant d’avantage les bibliothèques et je veux vraiment remercier la mobilisation de tous nos maîtres d’école, nos instituteurs, nos professeurs. Dans le cadre de cette initiative (la lecture comme grande cause nationale), on va mettre en place toute une série de mesures très concrètes pour lutter contre l’illettrisme".

Le taux d’illettrisme est particulièrement alarmant dans les Hauts-de-France. Il atteint 11% sur l’ensemble de la région, contre 7% en France. C’est dans l’Aisne que l’illettrisme est le plus répandu avec 13% des 18-65 ans qui ne savent ni lire, ni écrire.

Concrètement, pour lutter contre ce mal, le président de la République espère s’appuyer sur les associations et les enseignants. "On va permettre à la fois le soir, en week-end, ou en vacances, de faire des cours, pour apprendre ou réapprendre à lire. Ensuite, faire des petits tests de diagnostic pour les enfants, mais aussi pour les adultes", détaille Emmanuel Macron. Il insiste évidemment sur l’illettrisme des adultes, "qui souvent est caché, qu’on ne dit pas parce qu’on a honte, et qui est un problème terrible. Parce que ça empêche de retrouver un emploi quand on en perd un. Le but c’est de pouvoir aider, avec beaucoup de bienveillance et en montrant aussi que l’accès à la langue, l’accès au livre, l’accès à l’écriture, à la compréhension, ça vous change la vie".

Emmanuel Macron a terminé sa journée par une visite au château de Villers-Cotterêts future Cité Internationale de la langue française. Un chantier cher au président de la République qui devrait être livré en 2022, juste avant les élections présidentielles.

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