L'oeuvre la plus connue du Louvre pourrait-elle venir un jour à Lens ? La ministre de la culture ouvre la porte et brise un tabou.
«On ne va pas déplacer le Louvre, mais pourquoi s'interdirait-on de déplacer La Joconde ou la tapisserie de Bayeux ?», a lancé Françoise Nyssen. ministre de la culture à l'occasion de ses vœux aux acteurs de la culture mardi 23 janvier dernier. «C'est un exemple», a-t-elle tout de suite ajouté, sentant bien que les conservateurs du musée parisien pourraient s'offusquer de cette prise de position.
Mais il n'en fallait pas plus que le maire de Lens se mette à rêver tout haut. Voir le célèbre tableau de Léonard de Vinci au Louvre-Lens deviendrait-il envisageable ?
Sylvain Robert a immédiatement adressé un courrier au Président de la République, Emmanuel Macron. Il y demande de pouvoir exposer Mona Lisa dans le bassin minier : "La Joconde attire chaque jour, jusqu'à elle plusieurs dizaines de milliers de personnes parce qu'elle est probablement l'image la plus connue dans le monde. Elle est davantage qu'un portrait, elle est une puissance symbolique au service de la cohésion de la Nation et d'une culture européenne partagée. Maintenant qu'il est autorisé d'espérer l'admirer ailleurs que dans son palais, offrons l'expérience de la Joconde d'abord aux Français qui l'attendent à Lens depuis 5 ans."
La question de "La Joconde" au Louvre-Lens revient régulièrement sur le tapis. « J’espère qu’elle prendra le TGV gare du Nord et qu’elle descendra à Lens une heure plus tard pour dire au monde : je suis lensoise ! », avait lancé en 2010, Daniel Percheron, président du Conseil régional Nord Pas-de-Calais. Sans être entendu.
Mais La Joconde est une oeuvre indéplaçable, fragile. Constamment protégée par une vitre au Louvre. Une oeuvre toujours entourée par des dizaines de touristes. «Avec le temps, le tableau peint sur un panneau de bois de peuplier très mince s'est courbé et présente une fente nettement visible au dos, côté gauche, avait expliqué au Figaro Vincent Pomarède, le conservateur en chef du département des peintures. Tous mes homologues en France comme à l'étranger savent cela. Même quand nous la décrochons pour son examen annuel, nous ne l'amenons pas au laboratoire, nous l'étudions en salle. Deux heures en dehors de son caisson isotherme suffisent pour constater que sa fente s'élargit.»
La dernière fois que l'oeuvre a voyagé, c'était en 1974, pour une exposition à Tokyo et à Moscou. La décision avait été prise directement par l'Elysée, contre l'avis des conservateurs.