Journée des droits des femmes : 8 femmes des Hauts-de-France qui ont marqué l'Histoire

A l'occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, nous avons retenu 8 femmes de la région qui, par leur action, ont marqué l'Histoire. Une liste évidemment non-exhaustive... 

1. Louise de Bettignies




C'est l'une des Nordistes les plus célèbres et son histoire est hors-norme... Louise de Bettignies, née en 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, déménage à Lille à ses 15 ans, avant de partir avec ses parents en Angleterre. C'est une élève brillante; elle passe avec brio ses classes d'école avant de conclure des études de droit à Lille. 

Source archives : - Archives Municipales de Lille - Archives Départementales du Nord - Collection privée Famille de Bettignies - Pathé Gaumont ©France 3


Pour son travail, Louise de Bettignies entame plusieurs voyages à travers l'Europe : elle parcourt l'Italie, mais aussi l'Autriche, avant de revenir dans le Nord. C'est au moment de l'invasion allemande que son destin bascule. Louise de Bettignies va devenir l'une des plus célèbres espionnes de l'Histoire. 

Dès 1914, la jeune femme prend le pseudonyme d'Alice Dubois. Grâce à sa maîtrise des langues étrangères, elle arrive rapidement à la tête d'un réseau d'espionnage et de renseignements pour les Britanniques - on l'appelle le réseau Alice. Mais Louise de Bettignies est une "tête brûlée"; malgré son pseudonyme, elle prend des risques considérables pour transmettre les positions allemandes aux Anglais...

Tout s'arrête en 1915, à Tournai. Alors qu'elle transporte un document confidentiel, Louise de Bettignies est arrêtée par les Allemands. Condamnée à mort, puis aux travaux forcés, elle est retenue captive pendant trois ans dans la forteresse de Siegburg, en Allemagne, avant d'y mourir, par manque de soins.


2. Viviane Romance




C'est l'une des oubliées de l'Histoire, et pourtant elle a fait avancer, à sa manière, les droits des femmes par son incroyable liberté et la souffrance qu'elle a exprimé en fin de carrière. Originaire de Roubaix, la jeune femme née en 1912 veut rapidement devenir artiste. A 13 ans, elle quitte l'usine et entreprend de conquérir Paris et commence par danser au théâtre Sarah-Bernard, au cours d'une représentation de l'Arlésienne, avant de rejoindre le Moulin Rouge. 

Ainsi commence une carrière sulfureuse, qui va faire d'elle l'une des actrices les plus désirées de son époque. Élue Miss Paris en 1930, l'histoire raconte qu'elle se fait connaître après une dispute avec Mistinguett, au cours de laquelle la jeune femme au fort tempérament l'aurait giflée... 

A partir de là, elle enchaîne les petits rôles au cinéma : danseuse, femme fatale, prostituée... A la fin des années 30, la Roubaisienne s'impose dans les premiers rôles. Pourtant, avec le temps, la lassitude s'installe. Viviane Romance se sent enfermée dans son personnage. "Je n'ai pas été aussi heureuse qu'on pourrait le croire", explique-t-elle en 1961. "On fait croire que le fait d'être une actrice, une vedette, encore plus d'être une vamp, assure un bonheur parfait et c'est faux." "Vous regrettez de ne pas être un homme ?", lui demande le journaliste. "Oui."



3. Marceline Desbordes-Valmore




Elle fut admirée des plus grands de son époque : Balzac, Verlaine... Pourtant, rien de prédisposait Marceline Desbordes-Valmore à devenir poétesse. L'histoire commence en 1786. Marceline Desbordes-Valmore naît dans une famille douaisienne ruinée : son père, cabaretier, n'a pas survécu financièrement à la Révolution. 

La petite fille, avec sa mère, entreprend un voyage jusqu'en Guadeloupe pour demander l'aide d'un cousin; sa mère ne survivra pas au terrible trajet en bateau, qui s'est transformé en enfer. Marceline Desbordes-Valmore revient en France. A 16 ans, elle devient actrice.



Mais c'est au début des années 1810 que la jeune femme va réellement trouver sa vocation : la poésie. En 1818, elle publie son premier ouvrage, intitulé Élégies et Romances. Marceline Desbordes-Valmore est autodidacte mais brillante. 

"De parfums, d'air sonore incessamment baisée,
Comment n'auriez-vous pas été poétisée ?
Que l'on s'étonne donc de votre amour des fleurs !
Vos moindres souvenirs nagent dans leurs couleurs,
Vous en viviez, c'étaient vos rimes et vos proses :
Nul enfant n'a jamais marché sur tant de roses !
Mon Dieu ! S'il n'en doit plus poindre au bord de mes jours,
Que sur ma soeur de Flandre il en pleuve toujours !
"

- Une ruelle de Flandre, 1860.

Figure de la poésie romantique, elle inspire peu à peu de nombreux poètes, ainsi que leurs muses. Aragon la cite d'ailleurs dans son recueil de poème Elsa. Verlaine dira : "Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement [...] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles", tandis que Baudelaire la présente comme "une âme d'élite". 


4. Séraphine de Senlis




Le destin de Séraphine de Senlis, réactivé dans la mémoire collective par le film "Séraphine", dans lequel Yolande Moreau joue son rôle, est l'un des plus incroyables de l'histoire de la peinture. Son enfance est difficile : sa mère meurt alors qu'elle est bébé et son père, ouvrier, décède à son tour à ses 7 ans. Miséreuse, Séraphine de Senlis doit travailler : comme bergère, d'abord, puis comme domestique dans des familles bourgeoises de la région de Senlis. 

C'est là, dans sa chambre de bonne, qui lui vient le goût de la peinture. Faute d'avoir accès à la peinture, elle utilise la cire de bougie pour constituer ses tableaux, jusqu'à ce qu'elle soit repérée par un collectionneur d'art allemand, qui sent tout de suite le potentiel artistique de la jeune femme. Dans ses toiles, des fleurs, des fruits, des arbres... Une nature révélée par l'"extase". 



Quelques années après la première Guerre Mondiale, cette rencontre permet à Séraphine de Senlis de présenter ses oeuvres lors d'expositions et d'en vendre un certain nombre. Mais l'artiste souffre de problèmes psychiatriques. En 1932, elle est internée à l'hôpital psychiatrique de Clermont et sombre dans la folie. Elle ne veut plus peindre, mais écrit. 

En 1942, à sa mort, Séraphine de Senlis est enterrée dans la fosse commune de Clermont, contre sa volonté. Personne n'assiste à son enterrement. 


5. Virginie Demont-Breton




Fille de deux peintres célèbres, Virginie Demont-Breton a grandi dans les pinceaux et les toiles. Née à Courrières, elle débute très vite sa carrière artistique dans un univers simples, éloignée de la bourgeoisie parisienne. 

Elle s'applique à travailler autour de son thème phare : la femme et l'enfant. Après son mariage avec Adrien Demont, lui aussi peintre et originaire de Douai, ils s'installent à Wissant et découvrent le littoral. C'est une révélation pour Virginie Demont-Breton. L'artiste commence à peindre la vie quotidienne des pêcheurs, mais aussi celles de leurs femmes, qui attendent dans l'angoisse le retour de mer. 


Surtout, la Nordiste va vite s'engager dans un combat féministe pour défendre les femmes peintres. En 1883, elle adhère à l'Union des femmes peintres et sculpteurs, en obtient la présidence et parvient à obtenir le droit pour les femmes d'entrer à l'Ecole des Beaux-Arts.


6. Martha Desrumaux




C'est l'une des figures du milieu ouvrier, militant, féministe et résistant du siècle dernier. Et il est difficile de résumer son parcours héroïque en quelques lignes... L'histoire commence en 1897 à Comines; Martha Desrumaux naît dans un milieu pauvre et perd très jeune son père, ce qui va l'obliger à aller travailler. D'abord dans des familles bourgoises, puis dans une usine textile, la jeune fille adhère rapidement à la CGT, puis aux Jeunesses Socialistes, avant de mener ses premières grèves. 

Dans les années 20, Martha Desrumaux rejoint le Parti Communiste et devient la première femme élue au Comité Central du parti. Là, elle continue à défendre le sort des ouvriers et notamment des ouvrières. A plusieurs reprises, elle mène et soutient les grandes grèves de la région. C'est une des figures du Front Populaire. 

Lorsque la Seconde Guerre Mondiale débute, elle est menacée de déportation en raison de son engagement politique. Cela ne l'empêchera pas de se lancer dans la résistance. Depuis Lille, elle continue à organiser des grèves paralysantes dans les usines de la région, avant d'être dénoncée, arrêtée par la Gestapo et déportée au camp de Ravensbrück, en Allemagne. 

A sa libération, Marthe Desrumaux retourne dans le Nord et reprend ses activités, tout en témoignant des horreurs commises dans les camps. Dès 1945, elle est élue au Conseil Municipal de Lille. Jusqu'à sa mort elle n'aura qu'un seul but : permettre l'émancipation des femmes et leur évolution au sein des instances syndicales et politiques... 


7. Suzanne Noël




Ses connaissances en médecine ont fait d'elle une exception. Née en 1878 à Laon, Suzanne Noël poursuit brillament des études de médecine à Paris. Lorsque la première guerre mondiale se déclare, la jeune femme n'est encore qu'interne mais obtient l'autorisation d'exercer pour faire face à l'urgence. Par la force des choses, elle va se spécialiser dans la chirurgie esthétique : à l'époque, il s'agit de réparer le visage des "gueules cassées" qui reviennent du front.

Pendant l'entre-deux-guerres, elle va se lancer dans l'aventure féministe des Soroptimist, une union de femmes qui défend les droits des femmes dans une société où elles n'ont encore que très peu de droits. Avec ce club, elle parcourt le monde pour défendre cette cause. 

Arrive la seconde guerre mondiale. Grâce à ses compétences en chirurgie esthétique, elle s'engage dans la résistance et s'emploie à modifier le visage de personnes recherchées par la Gestapo et les Allemands - en particulier des Juifs et des résistants, sauvant de nombreuses vies. 


8. Virginie Ghesquière


L'histoire de Virginie Ghesquière est relativement méconnue, et empreinte de nombreuses zones d'ombre. Née en 1768 à Deûlemont, elle aurait été l'une des rares femmes-soldats de l'Empire. Elle 1806, elle remplace son frère Jean-Baptiste au sein de la grande armée en se faisant passer pour un homme. 

La jeune femme combat au Portugal, puis en Autriche. Ses camarades la surnomment "Joli Sergent". Ce n'est qu'une fois blessée que son identité est révélée. Elle est alors renvoyée mais reçoit la Légion d'Honneur - a priori sous le nom de son frère, toujours. 

Elle meurt à l'âge de 99 ans en région parisienne, avant d'être enterrée au cimetière du Père-Lachaise. 


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