Médecins sans frontières (MSF) et Médecins du Monde ont dénoncé mardi une sélection "au faciès" des mineurs à leur entrée dans le dispositif d'évacuation de la Jungle de Calais, et MSF à cessé de les orienter vers ce dispositif.
"Les mineurs font la queue devant le sas, mais leur accès est conditionné à l'accord d'une seule personne, qui décide s'ils pourront ou non entrer" a affirmé Frank Esnée, le chef de mission France pour MSF. "C'est une sélection au faciès qui n'est pas acceptable" et qui a abouti à l'exclusion d'"un tiers" des personnes se présentant comme mineures, a-t-il ajouté.
#Calais La distinction mineurs / majeurs se fait désormais au faciès devant le hangar. Où sont les entretiens et recours promis ? pic.twitter.com/UY3wRschQg
— MSF France (@MSF_france) 25 octobre 2016
Médecins du Monde a de son côté dénoncé, auprès de journalistes, "un délit de faciès", en se disant "vivement préoccupés des critères de sélection". Cette méthode n'est "pas légale, dès l'instant où toute personne se déclarant mineure a droit à un entretien", a ajouté M. Esnée, de MSF, et "nous cessons d'orienter les mineurs vers le dispositif". En revanche, l'association terminera le travail engagé pour les personnes vulnérables.
"Il n'y a pas de tri au faciès, si ce n'est écarter les manifestement majeurs du dispositif"
Interrogée, la préfète du Pas de Calais Fabienne Buccio à souligné qu'"à l'entrée du sas, une association ayant compétence en la matière est en charge de faire entrer les mineurs", et "écarte ceux qui sont manifestement majeurs, c'est-à-dire qui dépassent d'évidence et de plusieurs années l'âge de la majorité". "Les mineurs bénéficient d'un traitement différencié et d'une protection particulière", a-t-elle ajouté, notamment parce qu'"il est procédé à l'examen de leur situation par le Home Office britannique, assisté de l'OFPRA" (Office français de protection de réfugiés et apatrides)."Il n'y a pas de tri au faciès, si ce n'est écarter les manifestement majeurs du dispositif", a réagi auprès de l'AFP Pierre Henry, le directeur général de France Terre d'Asile, qui est l'association mandatée pour cette sélection. "800 mineurs ont été mis à l'abri au Centre d'accueil provisoire en deux jours, et 233 sont passés en Grande-Bretagne" depuis le début de la semaine dernière, a-t-il ajouté. "Il y a des majeurs qui essaient de se raccrocher au dispositif, parce qu'un certain nombre d'entre eux pensent que c'est la voie royale pour la Grande-Bretagne", a-t-il ajouté.
Près de 1.300 personnes se sont déclarées mineures lors d'un récent recensement par l'association France Terre d'Asile. La quasi-totalité souhaite aller en Grande-Bretagne. Ce pays a accepté de prendre en charge les mineurs ayant de la famille outre-Manche et d'examiner certains dossiers sans liens familiaux, au titre de l'intérêt supérieur de l'enfant.