Les dernières constructions précaires situées sur une bande de 100 mètres à l'intérieur de la "Jungle" de Calais, devant être libérée pour raisons de sécurité, ont été retirées lundi. Le démontage des structures s'est fait dans le calme et sous la surveillance des forces de l'ordre.
La carcasse de bois d'une église évangélique a notamment été démontée par des bénévoles de différentes associations et quelques migrants appartenant à cette église. Ils ont aussi retiré les quelques cabanes qui l'entouraient. Une mosquée "qui était à l'abandon" a également été démontée, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
Sous haute surveillance
Lorsqu'ils ont été enlevés, les deux bâtiments religieux étaient "vides de tout occupant" et leur démontage a été réalisé "conformément à l'arrêté préfectoral du 19 janvier 2016 qui prévoit l'expulsion d'office des occupants d'une bande de 100 mètres", a souligné la préfecture.Ces opérations ont eu lieu sous la surveillance des forces de l'ordre, des CRS avec flash-ball et tenues d'intervention, ceinturant l'église, selon le correspondant de l'AFP.
Une école située "à la limite de la bande des 100 mètres" a été maintenue, a indiqué la préfecture. Deux bulldozers et deux grues pelleteuses ont poursuivi lundi le nivellement de la bande de 100 mètres tout autour du camp.
Une certaine incompréhension
Sur le site, le pasteur de l'église se morfondait de ce démontage. "On n'a pas le droit de démonter la croix", a-t-il lancé.Le président de l'association L'Auberge des Migrants, Christian Salomé, a quant à lui confié son étonnement de voir les autorités ordonner le démontage de cette église alors que, selon lui, "elles avaient promis qu'elle ne devait pas être démantelée".
"La République a-t-elle si peu confiance dans ses propres valeurs qu'elle se croie obligée d'entraver la liberté de culte à Calais comme elle tente ailleurs de la confiner à la sphère privée?", a questionné le président du Conseil national des évangéliques de France (Cnef), Etienne Lhermenault. "Dans le climat général d'hystérie antireligieuse, ces destructions sonnent comme un aveu: faute de pouvoir s'en prendre aux réfugiés, elle essaie de les priver de ce qui nourrit leur espérance", a-t-il ajouté.
Les autorités avaient décidé en janvier de libérer cette bande de 100 mètres pour offrir une meilleure visibilité aux forces de l'ordre, afin d'empêcher les intrusions sur la rocade portuaire, où les migrants tentent de monter à bord des camions embarquant pour Douvres au sud de l'Angleterre.
Environ 4.000 migrants, venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans la "Jungle" de Calais, considérée comme le plus grand bidonville de France, dans l'espoir d'atteindre l'Angleterre, qu'ils considèrent comme un eldorado.