La justice belge se penche sur la dangerosité de Marc Dutroux

La justice belge rouvre jeudi 17 octobre le dossier criminel ultra sensible de Marc Dutroux pour examiner une demande d'expertise psychiatrique déposée par les avocats du pédophile emprisonné depuis 23 ans. La requête entre dans le cadre d'une demande de libération conditionnelle. 

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Marc Dutroux est-il encore dangereux ? C'est ce que va tenter de trancher la justice belge jeudi 17 octobre en examinant une demande d'expertise psychiatrique déposée par les avocats du pédophile emprisonné depuis 23 ans. 

La requête entre dans le cadre d'une demande de libération conditionnelle, un objectif qui paraît difficilement atteignable mais provoque toujours des débats enflammés en Belgique. 

Marc Dutroux, 63 ans en novembre, a été condamné en 2004 à la prison à perpétuité pour le rapt, la séquestration et le viol de six fillettes et jeunes filles en 1995-1996, ainsi que pour la mort de quatre d'entre elles -deux assassinées et deux mortes de faim-. 
 
Concrètement le Tribunal de l'application des peines (TAP) de Bruxelles examinera jeudi à huis clos la demande de désignation d'un collège de médecins experts pour examiner l'état mental de Marc Dutroux et le risque de récidive. 

Le TAP siégera exceptionnellement à la prison de Nivelles (centre), où le criminel est incarcéré et pourra s'exprimer. A l'issue de l'audience, la décision devrait être mise en délibéré. 
 

Une libération conditionnelle qui divise


Vingt-trois ans après son arrestation, dans le sud francophone du pays, les avocats et proches des victimes continuent de le dépeindre comme "un grand pervers manipulateur", lui reprochant de n'avoir jamais dit la vérité, ni exprimé de regrets. 
 

Ses défenseurs de leur côté, dénoncent le traitement "scandaleux" subi en prison, où personne ne devrait "moisir sur pied" à l'isolement pendant un quart de siècle, selon l'expression de l'un d'eux, Me Bruno Dayez. 

Depuis son interpellation en août 1996 "rien n'a été fait pour favoriser son amendement, ni sa réinsertion [...]. On le laisse participer à aucune activité collective", proteste l'avocat. 
 
Quant à l'audience de jeudi, Me Dayez la présente comme "une étape obligée dans le parcours" vers cette libération conditionnelle qu'il espère décrocher à l'horizon 2021. 

Et si l'expertise est accordée (l'avocat affirme que le parquet est "d'accord pour actualiser les données psychiatriques"), rien ne dit que l'avis des médecins sera positif et incitera à poursuivre le processus. Autrement dit à défendre devant le TAP des perspectives d'activité avec un point de chute hors de prison. 
 

Une libération très hypothétique


Alors que son complice Michel Lelièvre - condamné à 25 ans de prison - vient d'obtenir le feu vert à sa sortie (à condition de trouver un logement sous six mois dans un périmètre très précis), la libération de Dutroux reste très hypothétique. 

Pour les condamnés à 30 ans de prison et plus, le TAP en Belgique doit être constitué de cinq juges - au lieu de trois habituellement -, contraints de statuer à l'unanimité. Ses décisions ne sont susceptibles d'aucun recours. 

La procédure est jugée imparfaite également du côté des parties civiles. Me Georges-Henri Beauthier, qui défend le père d'une fillette tuée et une des deux séquestrées ayant survécu, accuse le TAP d'"infantiliser les victimes" en les privant d'un débat contradictoire et d'un plein accès au dossier. 
 
"Mon problème c'est qui désigne les experts ? Et sur quoi ils vont se pencher?", fait valoir cet avocat à l'AFP. 
 

Une première demande de libération conditionnelle n'avait pas aboutie


Pour lui, il ne faut pas se contenter des expertises présentées à la cour d'assises d'Arlon en 2004, mais intégrer aussi le dossier de la première condamnation de Marc Dutroux pour une série de viols (en 1989 ndlr). 

"A l'époque, on avait déjà dit qu'il était particulièrement manipulateur et dangereux", affirme Me Beauthier. 

Le 13 octobre, ses clients Jean-Denis Lejeune et Laetitia Delhez ont annoncé dans un communiqué leur refus de se déplacer à Nivelles jeudi, déplorant "la place minime" qui leur est accordée dans le débat. 

Pour Marc Dutroux, une première demande de libération sous bracelet électronique n'avait pas abouti en 2013. 

Son ex-épouse Michelle Martin, également condamnée comme complice en 2004 ( à 30 ans), bénéficie elle d'une liberté conditionnelle depuis 2012. Elle est hébergée par un ancien magistrat après un séjour dans un monastère. 

 
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