Khadidja, 2 ans, détenue avec sa mère en Irak : "Elle doit rentrer", plaide sa grand-mère lilloise

Khadidja, 2 ans, est incarcérée avec sa mère Djamila Boutoutaou en Irak, dans l'attente du procès en appel de cette dernière. La grand-mère de l'enfant, qui vit dans la métropole lilloise, implore le gouvernement de les rapatrier. 

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On l'a aperçue dans les bras de sa mère, dans une vidéo diffusée par Sky News en 2017. Khadidja, 2 ans, est actuellement détenue avec sa mère Djamila Boutoutaou dans une geôle irakienne. "Elles sont toujours ensemble", souffle la grand-mère de l'enfant et la mère de Djamila, Saïda Boutoutaou. "Mais un enfant de deux ans ne doit pas être en prison, il doit grandir, évoluer dans de bonne conditions, en liberté..."

Apercevoir l'enfant sur cette vidéo a été un choc pour Saïda. Elle ne l'avait pas vue depuis ses 4 mois, lorsque Djamila s'est envolée avec son mari et ses enfants jusqu'en Turquie. "Quand je la vois sur ces images...", souffle sa grand-mère, qui tente difficilement de poursuivre. "Elle a l'air si perdue. Elle doit rentrer, je suis évidemment prête à l'accueillir, mes bras sont grands ouverts. Elle ne peut pas rester là-bas, et Djamila non plus." 



Sur les conditions de détention de Djamila et de sa famille, difficile d'avoir des précisions. Les contacts entre la jeune femme sont minces. Quelques lettres échangées par l'intermédiaire de la Croix Rouge, c'est tout. En avril, lors de son procès, Djamila avait pourtant pu échanger quelques mots avec nos confrères du Parisien. Elle décrivait alors 130 femmes et enfants détenus "dans 30m² avec deux rations de riz et de ratatouille par jour".


Que disent les autorités ? 


En Irak, la loi autorise la détention d'enfants avec leur mère jusqu'à l'âge de trois ans. Il leur est possible d'étudier les demandes de rapatriement "lorsque mère le souhaite et dans l’intérêt supérieur de l’enfant". L'"intérêt supérieur de l'enfant" est l'un des principes fondamentaux de la Convention relative aux droits de l'enfant, dont la France est signataire.

C'est ce qui s'est passé fin décembre avec le rapatriement de trois enfants français, dont les parents étaient incarcérés en Irak. "Ce retour est le fruit de discussions assez intenses avec le Quai d'Orsay, ça s'est fait graduellement. Ce sont des dossiers où chaque protagoniste doit faire preuve de lucidité, d'humilité, c'est difficile. La Croix-Rouge a joué un rôle", expliquait alors Me William Bourdon, avocat de la famille. Les deux filles et le petit garçon, âgés de 3 à 8 ans, avaient alors été placés dans des familles d'accueil triées sur le volet. 

Le problème, c'est que la majorité des enfants français se trouvent en Syrie, détenus par les Kurdes, et non en Irak. Les Kurdes n'étant pas reconnus comme formant un Etat, les négociations avec la France sont dans ce cas bien plus complexes. 

Dans tous les cas, il n'y a pas de rapatriement "automatique" des enfants, même pour ceux en bas-âge. "C'est terrible, en 2018, de se demander si on rapatrie ou non les enfants", insiste Amine Elbahi, engagé depuis plusieurs années contre la radicalisation. "Or, le regroupement famillial sert à ça au départ. A sortir ces enfants de terrains de guerre, d'environnements violents.



En novembre, Emmanuel Macron indiquait que le rapatriement des enfants se ferait "au cas par cas". "Je ne connais pas un droit international qui s'applique au cas par cas", réagissait Amine Elbahi, qui constate aujourd'hui, qu'il "n'y a pas eu de cas par cas. La règle c'est de les laisser là-bas". 


Quid de Djamila ? 


La question du rapatriement de Djamila, elle, se posera à l'issue de son procès en appel, dont la date devrait être fixée prochainement, selon son avocat Me Martin Pradel. Avant cela, ce qui importe à ses soutiens, c'est qu'elle puisse bénéficier d'un procès juste et équitable. "Lorsqu'on demande le rapatriement, ce n'est pas pour faire plaisir aux proches, mais pour s'assurer que leur procès se déroule dans de bonne conditions", explique Amine Elbahi. "Là on assiste à des procès en 12 minutes, avec une instruction complètement bafouée...."



De son côté, Saïda réitère son appel au gouvernement. "Je suis une maman qui veut récupérer sa fille. Ma fille est une grande victime", souffle Saïda. "J'appelle le gouvernement, mon pays, au secours. Djamila n'a rien demandé, ils lui ont tendu un piège. Si elle rentre elle va pouvoir expliquer comment ils ont fait pour la manipuler à ce point. Ça, c'est important pour tout de monde. En expliquant leurs méthodes, elle peut sauver par mal de monde.

"Ils", c'est le mari de Djamila, mort en Syrie et sa famille. Ceux que la jeune femme a rejoint à Tourcoing alors qu'elle n'avait que 17 ans. "Avant cette mauvaise rencontre, Djamila était une élève brillante de 1ère S. Elle voulait devenir avocate, venait d'avoir son code de la route du premier coup. Elle était joyeuse, épanouie, elle aimait la vie...", souffle Saïda. 

Sur une des photos que conserve Saïda, on l'aperçoit avec des amis, dans la maison familiale. "Elles s'étaient faites belles pour sortir, un anniveraire je crois", se souvient Saïda. "Du jour au lendemain, ils l'ont prise chez eux, lui ont dit que si elle continuait à s'habiller comme ça, elle allait aller en enfer. On est manipulable à 17 ans. Ils l'ont piégée", précise sa mère. "Ils lui ont gâché sa vie et sa jeunesse."





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