L'"appel de détresse" des riverains de la Jungle de Calais

"On avait acheté cette maison pour être tranquille, mais aujourd'hui elle ne vaut plus rien", déplore Bernard, riverain de la "Jungle" de Calais qui, avec d'autres, lance "un appel de détresse" après les heurts entre migrants et forces de l'ordre sous sa fenêtre.

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Durant deux nuits consécutives, dimanche et lundi, migrants et policiers s'étaient ainsi affrontés aux abords des habitations jouxtant ce bidonville où s'entassent environ 4.500 personnes. De nouveaux incidents, plus légers, s'étaient produits mardi. Pour la première fois, les riverains de la "Jungle" avaient été touchés. Le quartier en porte les stigmates, avec des restes de grenades lacrymogènes jonchant le sol. Les impacts sur la chaussée témoignent aussi d'échanges musclés. "Ils ont cassé mon muret à coups de pieds pour s'en servir de projectiles contre les policiers, puis ont tenté d'arracher les grilles de mon portail, sans succès cette fois", poursuit Bernard, pré-retraité de 57 ans.

Il refuse néanmoins de se barricader chez lui, mais a tout de même orné son portillon d'une grosse chaîne de moto et d'un panneau "attention au chien". Son vieil épagneul breton semble pourtant assez inoffensif... La palissade en bois d'une de ses voisines a été en partie arrachée, et d'autres ont dû refaire leur cour dont les pavés avaient été arrachés.

"Peur"

Dans leur discours, pas d'animosité personnelle ni de haine particulière à l'encontre "de ces malheureux". Tous n'ont d'ailleurs pas subi de dégradations. Mais ils racontent la "peur" qui les anime, "surtout depuis trois semaines où les heurts" sont devenus plus récurrents. "On peut comprendre leur détresse dans un sens, mais s'ils n'ont pas ce qu'ils veulent, ce n'est pas notre faute", soupire Marie-Thérèse, vivant depuis 36 ans dans un petit pavillon près de la route de Gravelines, au sud du terrain de la lande.

"Ras-le-bol"

Depuis ces incidents, plusieurs fourgons de CRS patrouillent autour des habitations. "Cela nous rassure, mais que se passera-t-il quand ils vont partir ?", se demande-t-elle. Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs migrants se sont introduits sur sa propriété, ont frappé à sa porte et caillassé sa boîte aux lettres. En journée, de nombreux migrants empruntent les routes adjacentes de la "Jungle" pour se rendre principalement dans le centre-ville de Calais.

"Ils sont plutôt gentils à ce moment là, on se dit bonjour", précise Bernard. "Cela devient davantage inquiétant le soir, et cela nous oblige à nous barricader chez nous", poursuit une autre riveraine, Odile. La nuit tombante, plusieurs groupes de migrants, ont en effet tenté ces dernières semaines de ralentir les camions circulant sur la rocade portuaire, à l'aide de divers obstacles. Leur objectif : se cacher dans les remorques afin de rejoindre la Grande-Bretagne, obligeant les forces de l'ordre à intervenir.

"Tout le monde en a ras-le-bol, on se sent totalement abandonné", s'exaspère Odile qui compte prochainement mettre une clôture et un grillage devant son entrée de
jardin. "La mairie a juste proposé aux locataires une solution de relogement. Mais je suis propriétaire ! Si elle me rachète ma maison, je pars tout de suite !", assure-t-elle.
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