Le député de l’Oise aux multiples facettes, Olivier Dassault, est décédé dans un accident d’hélicoptère aux côtés de son pilote, dimanche 7 mars dans le Calvados. Homme politique, pilote de mirage, il était aussi un artiste reconnu jonglant aisément entre les supports.
Un coup d’œil à ses ascendances pourrait suffire à dire qu’il ne pouvait en être autrement. Alors que les hommages se multiplient pour saluer le parcours d’Olivier Dassault, député de l’Oise décédé dimanche 7 mars dans un accident d’hélicoptère, nombreux soulignent la palette artistique d’un homme aux diverses talents.
Quel choc d’apprendre la disparition d’Olivier Dassault. Homme de multiples talents, élu engagé, photographe, compositeur, industriel et grand défenseur des entrepreneurs et des entreprises. Il va nous manquer. Sincères condoléances et tout mon soutien à sa famille. https://t.co/vJ4heY8DAE
— Franck Riester (@franckriester) March 7, 2021
L’art est une marmite dans laquelle il est tombé tout petit, influencé de concert par une mère passionnée de photographie et un oncle, Darius Milhaud, compositeur de musique classique émérite. Une passion pour la musique et la photographie dont l’œuvre est consacrée par une médaille d’officier de l'ordre des Arts et des Lettres en 1998.
Portraitiste, comme premier pas
Quand on l’interrogeait sur l’origine de ses amours, Olivier Dassault aimait revenir sur ce moment quand haut comme trois pommes et sept bougies, il avait immortalisé le Parthénon en Grèce, grâce à un Instamatic offert par ses parents.
Olivier Dassault c’est un poème. Je n’ai jamais rencontré dans ma vie, une homme d’affaires, politique, compositeur de musique, photographe, pilote de mirage. C’est quand même quelqu’un d’assez atypique [...] Il considère qu’il peint avec son appareil. Ses photos, comme souvent la peinture, prennent toutes leurs forces quand on les voit en vrai plutôt qu’imprimées.
Il faut attendre le début des années 60, pour que le petit-fils de Marcel Dassault fasse ses premiers pas professionnels. Il immortalise notamment Jane Birkin, Isabelle Adjani et Isabelle Huppert dans une série de portraits en jouant sur les flous. Sur demande de son grand-père, Olivier réalise des couvertures pour le magazine Jours de France.
Virage vers l’abstraction et reconnaissance internationale
Son attrait pour les couleurs et les formes, le pousse rapidement vers l’abstraction. L’ouvrage et l’exposition uniformément nommés, Grand Angle, Du figuratif à l’abstraction, photographies d’Olivier Dassault, reviennent sur le virage de celui qui se présente comme un "architecte de la lumière et de l’espace", désormais dans sa période "Dassault Picasso avec de l’abstraction à tout va ou de lignes géométriques."
"C’est sur sa carrière de photographe que portera le hors-série Beaux Arts. Car c’est depuis plus de 40 ans, que l’artiste parcourt le monde avec son appareil Minolta XD7 avec lequel il crée des superpositions insolites. Il réalise ainsi des mutations situées entre la réalité et son interprétation", peut-on lire en guise de présentation.
Je suis séduit par son travail parce qu’il a oublié sa virtuosité technique ou du moins il s’est servi de sa virtuosité pour exalter la forme, la couleur, la matérialité photographique [...] Pour lui, la photographie, ce n’est pas écrire avec la lumière, c’est peindre avec la lumière.
Son travail photographique exposé en France notamment à la Bibliothèque nationale de France, s’exporte également à l’étranger : de Londres en passant par plusieurs collections publiques dont celle du The Israël Museum (Jérusalem), du The Museum of Fine Arts (Houston, Texas) et du musée d’art Moderne de Palm Springs. Il s’adonne également à la décoration de la première école de sapeurs-pompiers de Blois ou encore du Fouquet’s Palace.
Un musicien pionnier et prolifique
Olivier Dassault a également suivi les traces de son oncle, Darius Milhaud, en composant des bandes originales de films (Une fille cousue de fil blanc de Michel Lang ou encore Bête mais discipliné de Claude Zidi, mais aussi en mettant en musique plusieurs événements parmi lesquels le feu d’artifice de l’an 2000 à Paris et l’inauguration du parc Vulcania.
Mais ce n’est pas tout. Il est également considéré comme un pionnier en Europe dans le domaine de l’emblème sonore, autrement nommée logo musical ou virgules musicales. Il en aurait composé près d’une centaine, concoctant l’identité de nombreuses collectivités et sociétés. En 1999 il déclarait au journal suisse Le Temps : "Pour composer un emblème sonore, tout m’inspire... Même le rapport annuel de la société. Quand je rentre dans un lieu, il y a un parfum, une atmosphère. J’entends déjà sa musique, c’est instinctif."
Parmi ses œuvres, l’habillage sonore du Futuroscope à Poitiers (1994) ou encore celui du site internet d’une campagne du président Nicolas Sarkozy. De quoi compléter un héritage, déjà riche.