Trois ans après la mort de Clément Méric, tué par un skinhead picard, une manifestation d'antifascistes a tourné à l'affrontement entre les CRS et des militants antifascistes réunis à Paris, samedi 4 juin.
Paris. Trois ans après la mort de Clément Méric. Plusieurs centaines de militants antifascistes marchaient en sa mémoire, ce samedi 4 juin. Mais l'hommage a mal tourné. En milieu d'après-midi, des manifestants ont envoyé fumigènes et bouteilles de verre sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué en lançant des gaz lacrymogènes et ont chargé sur le quai de Valmy, le long du canal Saint-Martin, dans le nord-est de la capitale.
Certains manifestants ont jeté des rétroviseurs sur les policiers, d'autres avaient ouvert des parapluies. Des membres des forces de l'ordre bloquaient une passerelle pour empêcher des manifestants qui cherchaient à passer sur l'autre quai. Des renforts de CRS sont arrivés peu avant 16h00.
OneRadex: Grosse tension à la manifestation hommage à Clement #Meric, encore une fois on nasse les manifestants. pic.twitter.com/yOY2LCjcGk
— En avant (@Bonie75) 4 juin 2016
Des manifestants hostiles à la police
Le cortège, qui a démarré de la place Stalingrad peu après 14h00 aux cris de "on n'oublie pas, on n'oublie pas", "tous les flics sont des bâtards", "tout le monde déteste la police", "pas de fachos dans le quartier, pas de quartier pour les fachos", rassemblait de nombreux jeunes, dont certains portant capuche sur la tête et lunettes de protection, et agitant des drapeaux rouges.
5 juin 2013
Une pancarte proclamait "Clément tu chanteras toujours plus fort qu'eux". La mort de Clément Méric, 18 ans, le 5 juin 2013 à Paris avait causé un vif émoi. A l'issue de l'enquête clôturée le 22 mars, quatre skinheads ont été mis en examen, dont deux pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, des faits passibles de la cour d'assises, et deux autres pour violences. Le présumé meurtrier est originaire de l'Aisne. Il aurait utilisé un poing américain.
Mais les juges d'instruction avaient écarté une intention de tuer dans leurs mises en examen, notamment à l'égard des deux principaux mis en cause, Esteban Morillo et Samuel Dufour, qui ont été remis en liberté après plus d'un an de détention provisoire.
Arrestations dans la Somme
Ministre de l'Intérieur à l'époque des faits, Manuel Valls avait évoqué un "assassinat" et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait promis de "tailler en pièces" les groupuscules d'extrême droite. Dans la foulée, le gouvernement avait dissous Troisième Voie, dont étaient issus les skinheads, et son service d'ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), que dirigeait Serge Ayoub, un vétéran de la mouvance. Dans la Somme, plusieurs individus issus de l'ultra-droite avaient été arrêtés puis mis en examen.