La sénatrice nordiste Marie-Christine Blandin pense que les téléphones usagés sont "un gisement d'emploi" et "une mine d'or"

Trop souvent abandonnés dans nos fonds de tiroirs, les téléphones portables usagés sont une véritable mine d'or et un gisement d'emplois qui ne sont quasiment pas exploités, déplore un rapport sénatorial Marie-Chrtine Blandin.

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Les Français conservent chez eux cent millions de téléphones usagés, selon ce document signé de Marie-Christine Blandin (Ecologiste) et de Jean-François Longeot (UDI-UC). Environ 24 millions de portables sont vendus en France chaque année et 92% des foyers possèdent au moins un exemplaire de cet "objet phare de la société de consommation" qui est renouvelé tous les 24 à 36 mois. La plupart des vieux appareils finissent oubliés dans les tiroirs: "seulement 15%" des téléphones portables mis sur le marché "sont engagés dans des flux de réparation ou de recyclage", a relevé Mme Blandin au cours
d'une conférence de presse.


Cette collecte très limitée s'explique notamment par les "freins psychologiques au geste de tri", selon le rapport. A tort, "les gens ont peur que les données (contenues dans les portables) circulent" et pensent que leur vieil appareil "peut toujours servir", souligne Mme Blandin. Par ailleurs, les consommateurs ne savent pas où se débarrasser de leurs vieux appareils et les opérateurs sont loin de respecter toujours leurs obligations de reprise des téléphones usagés, déplore le rapport. Les téléphones usagés prennent aussi souvent le chemin de l'étranger, après avoir été rachetés par des "brokers" (courtiers). "Sont perdus pour la France, des milliers d'emplois" et "40 minéraux et métaux précieux", regrette Mme Blandin.

Les portables sont en effet "une véritable +mine urbaine+": une tonne de cartes électroniques "peut comprendre jusqu'à 1 kg d'or, 5 kg d'argent, 9 kg de tantale et 250 kg de cuivre", selon le document. L'or en particulier "témoigne de l'intérêt économique du recyclage". Une tonne de cartes électroniques peut contenir en moyenne 200 grammes d'or, tandis que la concentration d'une très bonne mine est évaluée à cinq grammes par tonne de minerai. En 2012, le traitement de seulement 10.000 tonnes de cartes électroniques, sur 37.000 à l'état de déchets, "a conduit à une perte de valeur de 124 millions d'euros pour l'or", précise le rapport. "Tout ça, on le laisse filer", regrette Mme Blandin.


Une conception défavorable au recyclage


Les gisements d'emplois sont "difficiles à estimer, car il y a beaucoup d'emploi diffus, d'auto-entrepreneurs", souligne-t-elle. Aux Ateliers du Bocage, une entreprise d'insertion, 140 salariés ont traité depuis 2006 environ trois millions de téléphones usagés (recyclage ou réutilisation). Avec 100 millions d'appareils dans les tiroirs des Français, il y a de quoi développer l'emploi, explique-t-elle. Recycler les matières premières utilisées est d'autant plus important que les ressources risquent à terme de se raréfier et que certaines, comme le coltan en République démocratique du Congo, sont extraites dans des zones de conflits armés ou "dans des conditions environnementales, sanitaires ou sociales problématiques", soulignent les auteurs du rapport.

Malheureusement, "la conception des téléphones est délibérément défavorable" au recyclage et au réemploi, déplorent-ils, citant à titre d'exemples "la quasi-impossibilité de remplacer les batteries intégrées" aux téléphones, les vis non standard, le collage ou le soudage de certains éléments. Le rapport appelle à renforcer la réglementation européenne pour lutter contre "ces pratiques bloquantes".

Outre une campagne nationale appelant à vider ses tiroirs, il préconise notamment de diversifier les modalité de collecte, d'allonger la durée de garantie de deux à quatre ans, d'améliorer l'information des consommateurs sur la composition des téléphones et la provenance des matériaux. La Fédération française des télécoms, qui regroupe les opérateurs, a assuré dans un communiqué soutenir "pleinement" les propositions contenues dans le rapport. "La collecte des téléphones portables par les opérateurs progresse d'année en année", affirme-t-elle.

 "En 2015, plus d'1,5 million de téléphones usagés ont été collectés par les opérateurs membres de la Fédération" contre "moins de 500.000" en 2009, indique-t-elle, précisant s'être fixé comme objectif "30% en 2020".
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