La visite présidentielle à Douai, coup d'envoi du match Macron/Bertrand pour 2022 : "on sait tous ce qu'il y a derrière"

Nouvellement réélu à la tête de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand ne cache plus ses ambitions présidentielles. Au lendemain du second tour, il est à Saint-Quentin puis à Douai pour des visites aux airs de campagne présidentielle.

Confortablement réélu au soir du second tour des élections régionales à la tête des Hauts-de-France, Xavier Bertrand entame dès lundi 28 juin sa nouvelle campagne : celle pour la prochaine présidentielle.

La veille dans son discours de victoire, il a confirmé sa candidature pour 2022 : "ces résultats me donnent la force d'aller à la rencontre de tous les Français". Donnant déjà le ton sur ce que serait son futur programme électoral. "Mon objectif, c'est que le travail paye à nouveau que l'on puisse en vivre dignement pour élever ses enfants. Ma priorité, ce sont les classes moyennes et les catégories populaires, ceux qu'on a applaudis lors du premier confinement avant de les oublier à nouveau.", clamait-il. Les choses sont posées. La sécurité et la réduction de la fracture sociale seront ses deux fers de lance.

Et il n’aura pas fallu attendre longtemps pour avoir l’assurance que Xavier Bertrand a déjà mis un pied dans l’arène.

Rencontre avec Emmanuel Macron à Douai

À 11h lundi 28 juin, le chef de l’État Emmanuel Macron vient inaugurer l’usine de batteries électriques du groupe chinois Envision nouvellement implantée. L’occasion pour les deux présidents de se croiser et de saluer la création d’emplois dans le Nord. C’est en tout cas la teneur officielle de cette rencontre entre le président de la République en exercice et celui qui brigue sa place.

Emmanuel Macron ne manque pas de féliciter Xavier Bertrand pour sa victoire aux régionales dans les Hauts-de-France : "Félicitations, je suis heureux de vous retrouver ici", lui lance-t-il. "C’est important qu’on ait réussi à faire reculer autant le FN…", glisse Xavier Bertrand avant d’ajouter : "l’abstention par contre…" Le président de la Région Hauts-de-France cherche à faire de cette visite économique et sociale un débrief politique des scrutins locaux.

"(L’abstention) Elle dit beaucoup de choses, on va tous en tirer des enseignements", se contente le chef de l’État.

Mais Xavier Bertrand n’abandonne pas si facilement : il cherche clairement à provoquer la discussion et la confrontation avec Emmanuel Macron, potentiel candidat à sa propre succession. "Je suis content d’être avec vous, car c’est une étape, mais on sait tous ce qu’il y a derrière", rétorque le président de la République. Il ne relève pas les piques de celui qui sera son adversaire politique pendant les 10 prochains mois. Histoire de rappeler que c'est lui qui maîtrise le timing de la campagne présidentielle. Avant néanmoins de lancer, en regardant Xavier Bertrand droit dans les yeux : "On le sait chacun…"

Si la campagne présidentielle pour 2022 n’est pas officiellement lancée, le match Macron/Bertrand vient ouvertement de commencer. Et on devine déjà l'âpreté et la rudesse des futurs échanges.

Un match à trois

"Avec Macron, la guerre est déclarée depuis un moment […] Maintenant, tout le monde a compris que la présidentielle est désormais un match à trois. Le match à deux a du plomb dans l’aile : Marine Le Pen engueule ses électeurs – c’est du jamais-vu – et Emmanuel Macron cherche encore à enjamber le scrutin", a affirmé Xavier Bertrand dans une interview donnée aux Échos lundi 28 juin. 

Mais difficile pour le chef de file du parti majoritaire d’enjamber le scrutin des régionales quand il faut faire face à son adversaire le plus coriace dès le lendemain des résultats. Un adversaire qui a pris de l’avance sur tout le monde dans cette course à l’Élysée.

Au lendemain du second tour des régionales, dès 7h du matin, il est dans un café saint-quentinois en compagnie de son équipe.

Sur Twitter, il fait savoir qu'il est sur le terrain "Avec ceux qui se lèvent tôt !", lance-t-il. Comprenez les travailleurs, ceux qui mettent la main à la pâte, dès le matin. Une phrase qui, malgré leur relation en dents de scie, fait écho à celle prononcée en 2007 par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy et qu'il a réutilisée dans son discours de la veille. En marge d’une visite au marché de Rungis, celui-ci disait vouloir aller à la rencontre de "la France qui se lève tôt". La filiation est claire : Bertrand est le candidat naturel de la droite avec ou sans l'étiquette d'un parti.

Pourtant, à la sortie du café, Xavier Bertrand se défend de toute campagne présidentielle : "Aujourd’hui, je pense région, région, région […]. Pour tout ça [l’élection présidentielle ; NDLR] ce n’est pas l’heure, mais ça va bien se passer", dit-il au micro de LCI.

Soutenir le savoir-faire français

Ceux qui se lèvent tôt, Xavier Bertrand va les rencontrer à 8h, dans l'usine de Superga Beauty, à Morcourt à 6 km de Saint-Quentin. Une entreprise française implantée à l’internationale spécialisée dans le remplissage et le conditionnement des parfums au service de grandes marques de beauté.

L’occasion pour le président des Hauts-de-France de soutenir le savoir-faire français qui s’exporte à l’étranger et d’affirmer à nouveau son objectif de réduire les inégalités sociales. "Quand on visite cette entreprise et qu’on discute avec les salariés qui sont là, ça remet bien à notre place. Il y en a un certain nombre qui se sont abstenus hier et quand je leur demande pourquoi, ils me répondent "elle fait quoi la politique pour nous ?"".

L'appel du pied à Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez

Pour Xavier Bertrand, les politiques régionales ne sont pas assez connues et de toute façon, elles ne suffisent pas à aider les travailleurs : "Si on veut améliorer leur pouvoir d’achat, l’aide au transport des Hauts-de-France ne suffira pas. Il faut d’autres réponses et je ferai des propositions très concrètes pour qu’en revenant dans quelques mois, je puisse dire très clairement ce que je veux faire".

La région a des réponses, mais les réponses ça sera dans dix mois, au moment de l’élection présidentielle. Les Français choisiront qui est en mesure à la fois de mettre fin au désordre que connaît le pays et de vraiment récompenser le travail. C’est ça la réalité de ce matin.

Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France

Et s’il y avait encore un doute de la volonté de Xavier Bertrand d’être le candidat de la droite pour la présidentielle 2022, le principal concerné l'a levé en interpellant Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez, les deux autres ténors de la droite, eux aussi réélus dans leur région : "On a de quoi former une bien belle équipe de France. Je tends évidemment la main aux autres candidats de la droite".

Valérie Pécresse a d'ores et déjà fait savoir qu'elle réfléchirait à la présidentielle cet été.

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