Dimanche 27 juin a eu lieu le second tour des élections départementales et régionales dans les Hauts-de-France. Un second tour marqué par une abstention toujours forte, une claque pour le Rassemblement national aux deux scrutins et un retour de la gauche dans les instances réprésentatives locales.
Dimanche 27 juin, les électeurs des Hauts-de-France étaient appelés aux urnes pour le second tour des élections départementales et régionales. Le premier résultat marquant dans ces deux scrutins, c'est celui de l'abstention qui est du même ordre que lors du premier tour : avec 66,8% (contre 67,2% au premier tour) dans les 5 départements de la région. Le sursaut attendu et réclamé par le Rassemblement national n'a pas eu lieu. Et les élus, ou réélus, le sont avec une base plus mince qu'en 2015.
Xavier Bertrand, largement réélu
Avec un peu moins de 53% des voix, Xavier Bertrand arrive largement en tête du second tour des régionales 2021 en Hauts-de-France et est facilement réélu. Xavier Bertrand recueille environ 750 000 voix. C'est 200 000 de plus qu’au premier tour, correspondant en partie à un large report des voix accordées dimanche dernier au candidat de la majorité présidentielle Laurent Pietraszewski.
Le président sortant, soutenu par Les Républicains et l’UDI, distance très largement le Rassemblement national emmené par Sébastien Chenu qui récolte 25,6% des voix au soir du second tour. Karima Delli, candidate de la gauche unie et des écologistes, arrive en troisième position avec 21,4% des suffrages, soit deux points de plus que lors du premier tour.
À l'assemblée régionale, la liste de Xavier Bertrand emporte 110 sièges sur 170. C'est 6 sièges de moins que lors de la précédente mandature. Le Rassemblement national obtient 32 sièges. Un échec puisqu'en 2015, le parti de Marine Le Pen raflait le reste des conseillers régionaux, soit 54 sièges. La gauche fait son grand retour à l'assemblée régionale puisque la liste EELV/Union de la gauche y installe 28 de ses représentants.
L'élection du président de la région Hauts-de-France est prévue le 2 juillet. Rien n'indique que Xavier Bertrand ne sera pas candidat à sa propre succession même si son discours a largement dépassé les frontières des Hauts-de-France et illustre son prochain objectif : devenir président de la République en 2022. "Durant cette campagne, je vous ai dit la vérité, j’ai été clair sans rien vous cacher de mes intentions : ces résultats me donnent la force d'aller à la rencontre de tous les Français", a-t-il déclaré avant de détailler les grandes lignes de son programme pour la présidentielle.
Le "rendez-vous manqué" du RN et "l'alerte" de EELV
Sébastien Chenu, qui au soir du premier tour avait appelé les électeurs du Rassemblement national à "se bouger", n’a visiblement pas été entendu puisqu’il recueille selon notre estimation 25,65% des suffrages, soit un peu plus de 346 948 voix. "En démocratie, il y a des règles du jeu, il faut les accepter. Nous reconnaissons notre défaite à ces élections régionales, c’est un rendez-vous qui a été manqué", a-t-il indiqué tout en invitant Xavier Bertrand "à rester humble et à ne pas fanfaronner". Avant de conclure "le vrai rendez-vous, c’est l’année prochaine" s’alignant sur la prise de parole de Marine Le Pen. La patronne du RN a donné "rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin", faisant référence à l’échéance présidentielle.
Pour la liste EELV/union de la gauche, Karima Delli annonce selon elle "la grande nouvelle de ce soir" : un retour de la gauche et des écologistes au conseil régional après six ans d’absence. En 2015, le candidat du Parti socialiste Pierre de Saintignon s’était désisté pour mettre en place un front républicain face au Front national de l’époque. "Et vous verrez, cela fera la différence, a-t-elle prévenu. Nous sommes ici pour lutter mais aussi pour durer. (...) Le sursaut de participation n’a pas eu lieu. Un scrutin avec un si faible taux de participation est une alerte".
Synthèse du second tour des élections départementales 2021
Dans l'Aisne, avec une abstention en hausse de presque 20 points entre le second tour de 2015 et celui de 2021, la nouvelle assemblée départementale voit disparaître le Rassemblement national de sa composition : le RN perd les 6 sièges acquis en 2015. Sur les 42 conseillers, la droite augmente sa représentation avec 16 sièges auxquels s'ajoutent 2 LR et 2 pour l'Union du centre et de la droite. La gauche affiche 12 sièges, puis le centre avec 8 sièges. Les deux derniers sièges vont à des candidats inscrits sous l'étiquette divers.
Dans le Nord, c'est la droite qui ressort vainqueure avec la majorité des cantons remportés. Les écologistes font par ailleurs leur entrée au conseil départemental. Le Rassemblement national ne remporte aucun canton :
Dans l'Oise, la droite, majoritaire après les élections de 2015, est confortée. Les binômes Les Républicains ou Divers droite emportent de nombreux duels contre le Rassemblement national. Le Rassemblement national perd les deux cantons qu'il avait acquis en 2015 dans l'Oise. Le premier tour laissait présager des duels serrés, mais les binômes d'extrême droite n'ont finalement pas brillé au second tour.
Dans le Pas-de-Calais, la gauche obtient 44 des 78 sièges soit 4 de plus qu'en 2015. La droite, 18. Le centre, 6 sièges et le RN, 6 également. Le Rassemblement national perd 3 sièges. Lors des élections de 2015, la gauche avait obtenu de peu la majorité des 39 cantons, avec 40 conseillers sur 78. La droite menait l'opposition avec 22 élus, le Rassemblement national en comptait 9, En Marche 4 et il y avait trois conseillers non-inscrits :
Dans la Somme, l'Union du centre et de la droite emporte 28 des 46 sièges. La gauche, unie aux écologistes, en obtient 18. Le Rassemblement national perd ses deux seuls sièges issus du canton de Corbie : le parti de Marine Le Pen disparaît de l'assemblée départementale :
Dans l'Aisne, l'Oise et la Somme, le Rassemblement national perd tous les sièges remportés en 2015. Pas de percée dans le Nord et 3 sièges en moins dans le Pas-de-Calais. Beaucoup de sièges perdus dans les instances départementales et à l'assemblée régionale : le Rassemblement national sort vaincu des échéances locales en Hauts-de-France qui fut longtemps sa terre d'implantation privilégiée.