Dans une lettre adressée au Premier ministre, trois sénateurs du Nord et de la Somme demandent à ce que le picard figure parmi les langues régionales à enseigner à l'école. Selon eux, le "ch'ti" serait absent d'une circulaire du Ministère de l'Education nationale qui devrait bientôt paraître.
Trois élus des Hauts-de-France, Jean-Pierre Decool et Eric Bocquet dans le Nord et Laurent Somon dans la Somme, s’inquiètent dans une lettre adressée ce jeudi 2 décembre au Premier ministre Jean Castex de l’absence du picard, aussi connu comme le "ch'ti", dans une liste des langues régionales à enseigner à l'école. Ce document devrait être publié prochainement dans une circulaire du Ministère de l'Education nationale.
"Cette exclusion signifierait qu’il serait possible d’enseigner le flamand occidental, également langue régionale des Hauts-de-France, mais pas le picard, et reviendrait à priver une grande partie de la population de cette région de la transmission de son patrimoine linguistique", s'indignent les trois sénateurs.
Contrairement au breton ou à l’alsacien, il n'est pas possible d'apprendre le picard dans les établissements scolaires français. Selon les élus signataires de la lettre, la circulaire de l'Education nationale devrait annoncer l'enseignement de deux nouvelles langues régionales à l'école : le flamand occidental, parlé dans l'arrondissement de Dunkerque et le franco-provençal. "Nous nous félicitons de cette avancée, écrivent les élus des Hauts-de-France. Néanmoins, nous constatons et regrettons que le picard, soit absent dans cette liste".
Pour les élus, exclure le picard de la liste des langues régionales à enseigner "reviendrait à priver une grande partie de la population de cette région de la transmission de son patrimoine linguistique".
Un million de locuteurs
Le picard ou le "ch'ti" est une langue belgo-romane parlée dans une grande partie des Hauts-de-France et du Hainaut occidental en Belgique. Un million de personnes parleraient cette langue, selon Olivier Engelaere, directeur de l'Agence régionale de la langue picarde.
15 à 20% de la population des Hauts-de-France parle le picard ou comprend quelques mots car c'est une langue qui ressemble au français.
"Depuis une dizaine d'années, on se rend bien compte que la population ne parle plus le picard. Les enfants comprenaient autrefois certains mots. Ce n'est plus le cas aujourd'hui", constate Olivier Engelaere. "On a besoin de reconnaissance et de moyens pour former des enseignants au picard dans les écoles." L’Unesco place cette langue régionale parmi les plus "sérieusement en danger".
Pour continuer à entendre parler le picard, les téléspectateurs de la télévision régionale disposent entre autre de rendez-vous réguliers.
Depuis dix ans, les matinales de France 3 Hauts-de-France intègrent le picard dans ses programmes avec la participation de Françoise Desmaret de l'Agence régionale de la langue picarde. Une façon pour cette locutrice de raconter l'histoire et l'actualité de sa région en picard au fil de conversations sans filtres.