Le Centre Hospitalier de Fourmies épinglé par "Cash Investigation"

Le Centre Hospitalier de Fourmies fait partie du "Hop 50", le classement des hôpitaux français "accros au bistouri" établi par l'émission de France 2 "Cash Investigation", diffusée lundi. L'établissement est accusé de multiplier certains actes opératoires pour doper son budget.

L'émission de France 2, "Cash Investigation", s'est procurée une base de données recensant 27 millions d'actes médicaux pratiqués en France, le tout classé hôpital par hôpital. Il est apparu ainsi que certains établissements effectuent beaucoup plus que d'autres certains types d'opérations. Au Centre Hospitalier de Fourmies (Nord), on pratique plus qu'ailleurs en France  la chirurgie de l'obésité (ou chirurgie bariatrique) avec de nombreuses poses d'anneaux gastriques, qui visent à réduire la taille de l'estomac.

"Cette opération n'est pas anodine", rappelle "Cash Investigation" dans son reportage. "Elle doit idéalement se faire sur des patients ayant un indice de masse corporelle supérieur à 40. Pourtant notre base de données révèle que certains hôpitaux n'hésitent pas à opérer des personnes ayant un indice de masse corporelle bien en-dessous de 40."  L'hôpital de Fourmies arrive en tête dans ce domaine (voir vidéo ci-dessous à partir de 17 minutes 30 secondes).

##fr3r_https_disabled##"Au Centre Hospitalier de Fourmies, on opère plus de gens qui ont un IMC inférieur à 40, c'est-à-dire là où ça ne devrait pas se justifier, que de gens qui qui ont un IMC supérieur ou égal à 40", s'étonne Frédéric Pierru, chercheur au CRNS. "Il y a quelque chose d'intriguant..."

"En chirurgie, si on n'opère pas, on ne rapporte pas d'argent"

Sylvain Louvet, le journaliste qui a réalisé cette enquête pour "Cash Investigation", est parvenu à joindre par téléphone un chirurgien du CH de Fourmies qui s'exprime sous couvert d'anonymat. Cette personne affirme que sa direction pousse à multiplier ce type d'actes. "Ils nous disent toujours : "écoutez, pour l'instant, on n'est pas très bien placé. Là, il y a une perte, notamment en chirurgie, il faut qu'on compense". Ça commence avec les chefs de service et ça finit avec les directeurs. C'est un peu l'optique : je dois faire plus pour gagner plus. En chirurgie, si on n'opère pas, on ne rapporte pas d'argent." Et il ne s'agit pas d'un cas isolé en France.

Selon "Cash Investigation", "l'hôpital public aurait basculé dans une dangereuse course à la rentabilité". Chacune de ces opérations est en effet dûment rémunérée par la Sécurité sociale, qui abonde directement le budget de l’hôpital. Certains actes seraient donc davantage pratiqués pour doper le budget des établissements que pour le bien des patients. "Je n'aime pas le terme d'actes inutiles, je parlerais plutôt d'actes dont on pourrait se passer", explique Patrick Courtin, chef du service d'anesthésie-réanimation à l'hôpital de Martigues dans le sud de la France, également épinglé dans l'émission. "Le système nous pousse à ça. La finance a pris le pas sur le malade".  "Il y a une pression qui s'exerce sur l'activité de l'hôpital du fait de la tarification à l'activité", admet également un responsable du service urologie du CHU de Limoges où l'on opère de la prostate des patients de plus de 75 ans beaucoup plus qu'ailleurs. "On a tout à fait conscience maintenant qu'on travaille, non plus au service du malade, mais au service de l'administration pour rentabiliser l'hôpital. L'hôpital a besoin de revenus, ils viennent de la Sécu et la Sécu, elle paie quand les gens sont opérés, traités, etc..."  
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