Des projections animées de dessins au milieu d'oeuvres séculaires : du 18 mars au 31 octobre, le Palais des Beaux-Arts de Lille accueille le travail de Zep, le "papa" de Titeuf, pour attirer un public plus jeune.
Plusieurs de ses créations, dont une grande partie inédites, sont ainsi disséminées ou projetées parmi des collections du musée et les revisitent sur un ton décalé et humoristique. "Dans le musée, on est face à des oeuvres magnifiques mais qui sont figées. Les projections animées permettent d'y mettre du geste", confie Zep, de son vrai nom Philippe Chappuis, 48 ans.Ainsi, divers gags sur l'histoire de la peinture ou sur une oeuvre particulière, quelques faux ou pastiches sont dispersés dans les différentes salles de l'immense Palais des Beaux-Arts qui abrite notamment des Goya, Claudel, Rubens, Matisse, Monet, Delacroix ou encore Courbet. "Enfant, les musées me faisaient peur et me rappelaient un cimetière avec un alignement de gens morts peints par d'autres gens morts. Or, ce n'est pas ça !", s'exclame le dessinateur qui "revendique le droit de s'amuser dans un musée en racontant par exemple la petite histoire autour de la création d'une oeuvre".
Dans la salle des sculptures, une projection illustre ainsi un statuaire en pleine création d'un nu allongé et dont les joues rougissent au moment où son burin travaille à la finition... des fesses.
"Mettre l'oeuvre en perspective"
Un peu plus loin, près d'un sarcophage, dans la salle consacrée à l'Antiquité égyptienne, un dessin intitulé "le retour de la momie" dépeint une momie debout face à un rouleau de papier toilette et qui lui demande interloquée: "Ramsès, c'est toi ?"."Notre but n'est pas d'être iconoclaste et de provoquer pour provoquer mais Zep tente de faire passer un message qui permet de mettre l'oeuvre en perspective en la questionnant", dit le directeur des Beaux-Arts, Bruno Girveau. Le musée aime cependant jouer avec cet aspect décalé qui lui permet de s'adresser à un public plus varié et plus novice en termes d'art. En 2014, pour la première édition de cette opération baptisée "Open Museum", qui
vise à faire dialoguer les oeuvres avec "les espaces du musée", c'est le groupe de musique rock-électro Air qui avait envoûté les galeries du musée, offrant une bande originale sur mesure, une première mondiale selon le musée.
Succès des Donald en 2015
L'an dernier, ce fut au tour du collectif allemand Inter Duck d'investir les lieux en disséminant partout dans le musée ses pièces détournées à base de tête de canard. "Avec les Donald de 2015, on a pu largement renouveler notre public avec 70% de primo-visiteurs, ce qui est exceptionnel", affirme M. Girveau ."Ces deux éditions ont été de réelles réussites avec 75.000 visiteurs la première année pour 4 mois d'exposition et 80.000 l'année suivante pour seulement 3 mois d'exposition", ajoute-t-il. De quoi espérer qu'avec ce troisième opus de "Open Museum", prévu sur plus de sept mois, le cap des 100.000 curieux soit franchi.